Résumé de la 4e partie L?impécuniosité de sa famille oblige Augustin à quitter Madaure. Ce sera une année de dés?uvrement à Tagaste, année au cours de laquelle il s?adonne à la délinquance. De tous les larcins qu?il a commis, celui qui l?a le plus marqué est un vol de poires. «Il y avait, proche de notre vigne, raconte-t-il dans Les Confessions, un poirier chargé de fruits d?un aspect et d?un goût peu appétissants. Nous allâmes entre jeunes vauriens le secouer et le dépouiller en pleine nuit, après avoir, selon notre malsaine habitude, prolongé jusque-là nos jeux dans les carrefours ; nous emportâmes un lourd butin, non pas pour nous régaler, mais pour le jeter aux cochons. Si nous mangeâmes une portion, l?intéressant était de faire quelque chose de défendu qui, comme tel, nous plaisait.» Ce qui devait le bouleverser, plus tard, dans ce vol, somme toute anodin, c?était ce caractère gratuit : lui et ses camarades ont volé les fruits non pas parce qu?ils avaient envie d?en manger, mais pour le seul plaisir de commettre un vol, c?est-à-dire d?enfreindre une règle morale et sociale, celle qui interdit de voler son prochain. «Je volai ce dont j?avais en abondance et de bien meilleure espèce et je le volais dans l?intention de jouir non pas de l?objet matériel de ma convoitise, mais du vol en lui-même et du péché? Qu?il te dise maintenant, ce c?ur que voici, mon Dieu, mon attention d?alors : une malice sans profit, une malice sans autre but que la malice? J?aimai le fait de me perdre, j?aimai ma dégradation, non pas l?objet pour lequel je me dégradais, mais ma dégradation en elle-même?» Ces regrets, cette affliction pour un vol d?enfant peuvent nous paraître exagérés, mais pour saint Augustin, ce vol est représentatif d?une vie qui, sans la lumière de la foi, est livrée à l?immoralité. Mais il n?y a pas que l?immoralité du vol qu?il va commettre dans sa jeunesse, il y a aussi celle de la chair à laquelle, jeune encore, il va goûter. Il va, comme il le dit lui-même, se vautrer dans le vice, s?en délecter, s?en vanter même, puisque, comme le vol, le vice le valorise à ses yeux et surtout aux yeux de ses camarades. Et pour paraître plus fort, il va même se vanter de choses qu?il n?a pas faites ! Mais alors que la famille désespère de le voir reprendre ses études, voici que Romanianus, un ami de la famille et riche notable de Tagaste, propose de l?envoyer à Carthage. «Carthage !, s?exclame Patricius. ? Oui, il paraît qu?on y forme de bons rhétoriciens et de bons magistrats ! ? Mais une formation à Carthage demande beaucoup d?argent ! ? Qu?à cela ne tienne, je prendrai en charge les frais du voyage d?Augustin, de son séjour et de ses études à Carthage !» C?était une proposition inespérée. On remercie Romanianus avec effusion et on prépare le voyage d?Augustin. Faire ses études à Carthage, c?était la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Carthage, c?était un peu le New York de l?Afrique : construite sur les ruines de l?ancienne ville punique, détruite et rasée en 146 avant J.-C. au terme d?une longue guerre avec Rome et la Numidie de Massinissa, elle a été reconstruite en 44 après J.-C., non pas sur l?emplacement de l?ancienne ville, mais un peu plus au nord. (à suivre...)