Traditions La région des Zibans voit disparaître un métier qui, jadis, était synonyme de courage et de témérité. Les agriculteurs de la wilaya de Biskra et les producteurs de dattes considèrent que le métier de grimpeur de palmiers, traditionnellement transmis de père en fils, est de moins en moins pratiqué, voire menacé d'extinction, en dépit des mesures incitatives proposées par les propriétaires de palmeraies. Selon M. Laâdjel, président de l'Association des producteurs de dattes de la wilaya de Biskra, «les derniers grimpeurs de palmiers prennent de l'âge et la relève se fait rare. De plus, il n'est pas possible de recruter une main-d'?uvre hors des régions sahariennes, car ce métier est lié à la culture du palmier-dattier». Dans les années 1980, la mécanisation a été introduite pour le traitement et la cueillette des régimes de dattes, avec l'importation de nacelles hydrauliques semblables à celles utilisées par les services municipaux pour la réparation des lampadaires. Cette expérience, inaugurée au domaine agricole chahid Ahmed-Taleb de l'oasis de Foughala, a été considérée «non concluante», en particulier sur les terrains accidentés où le véhicule ne peut pas toujours circuler sans risque de dérapage. M. Bouteraâ, président de la Fédération des jeux et sports traditionnels, indique, de son côté, que l'escalade des palmiers est au programme des sports pratiqués officiellement par la fédération qu'il dirige. Cependant, regrette-t-il, «nous trouvons difficilement des athlètes parmi les travailleurs des palmeraies, aptes à prendre part aux compétitions d'escalade et le problème se posera plus sérieusement, avec l'extension accélérée des palmeraies, par de nouvelles plantations». C'est ainsi que pour encourager un nouvel essor de cette profession, la fédération a organisé un concours d'escalade, dans le cadre du Festival national des jeux traditionnels organisé, à Biskra, du 24 au 27 mars écoulé. La règle du jeu était de grimper, pieds nus, le plus rapidement possible, un palmier haut de 5 mètres au moins. Des récompenses pécuniaires ont été attribuées aux vainqueurs. En réalité, les grimpeurs de palmiers n'ont pas à craindre le spectre du chômage. Ils reçoivent entre 120 et 150 DA par palmier, ce qui constitue un revenu jugé considérable si l'on compte que chaque arbre doit être escaladé quatre fois par an pour la pollinisation, le conditionnement des régimes, le nettoyage et enfin la cueillette. Selon Abdelkrim Soudani, qui cumule 25 ans d'expérience en tant que professionnel de l'escalade des palmiers dans la région orientale des Zibans, «le métier de grimpeur de palmier ne manque pas d'intérêt et constitue une source de revenus non négligeable». «Toutefois, avoue-t-il, ce métier comporte des risques d'accident réels, car il existe des palmiers qui atteignent jusqu'à 40 mètres de haut et souvent, les grimpeurs ne sont pas couverts socialement parce qu?ils ne sont pas déclarés à la sécurité sociale par leurs employeurs.» Le même témoin ajoute que le métier de grimpeur, qui mérite d'être reconsidéré, nécessite des facultés précises telles que le courage, l'attention et la capacité à supporter les piqûres des pointes des branches de palmiers, ce qui fait l'expérience de l'homme et du meilleur grimpeur.