Monstrueux La prostitution, son «cousin» le racolage s?ajoutent, ces derniers temps, à l?homosexualité, de retour en été. Mais le fléau qui gangrène la société reste la pédophilie. A l?est d?El-Harrach, un jeune de dix-neuf ans se mord les lèvres, la langue et les phalanges devant Kharabi, le juge du «flagrant délit» en évoquant le diable qui l?a tenté lorsqu?il a voulu pénétrer le petit bambin de première année scolaire. Le détenu a parlé. Il a pleuré en racontant le forfait. Il n?a pas cessé de s?intéresser à cet homme moustachu, tout de noir vêtu, qui pose des questions auxquelles il est impossible de donner des réponses. En effet, Kheloufi, le procureur, a beaucoup aidé le président puisque l?inculpé a tout craché après un chapelet de questions loin de tout. Harcèlement ! Le harcèlement judiciaire n?a rien à voir avec le sexuel, mais tout de même. L?honneur d?un enfant frappé d?un traumatisme certain se doit d?être lavé dans une salle d?audiences. Brahim Kharabi, en magistrat «rouillé» devant de tels dossiers, invite le prévenu à reprendre dans l?ordre tout ce qu?il vient de raconter au parquet. «Je ne sais pas ce qui s?est passé dans ma tête et je?» Le malheureux auteur de l?abject forfait est stoppé net. Il se fait gronder par le magistrat qui trouve les mots qu?il faut, juste de quoi «pousser» le détenu désemparé à cracher le morceau, mais un morceau tronqué, car la très jeune victime a donné la même version que son bourreau en réparant un oubli volontaire : «Il m?a pris l?avant-bras en me faisant très mal. Nous sommes entrés dans la niche, il m?a obligé de me mettre à plat ventre après m?avoir baissé le pantalon et ensuite il m?a causé une grosse douleur», a raconté en sanglotant l?enfant. Kharabi, le juge, change de position. Il décroise les bras, reprend son stylo et demande au papa d?effectuer ses légitimes demandes de dommages et intérêts. Le père prend trente secondes pour dénoncer l?acte criminel. Il pleure à chaudes larmes. Il parle de grave traumatisme. Il ne pardonnera jamais au bourreau d?avoir eu son fiston en lui offrant d?abord des confiseries puis en usant de sa force physique en l?entraînant sur les lieux du délit (il dit crime). «Il l?a sommé de baisser le pantalon, de se coucher à même le sol et il l?a violé en le pénétrant, selon le certificat médical, d?un centimètre de plus que le gland», conclut le tuteur, qui retrouvera son calme après le mini-entretien psychologique procureur-victime. «Alors, mon grand garçon, nous allons toi et moi bien regarder celui qui t?a fait mal. Regardons-le dans les yeux. S?il baisse les yeux le premier, nous allons alors oublier son visage et le mal», articule lentement Kheloufi dont le «truc» fait mouche. Le détenu baissera le regard le premier? Le garçon va mieux, subitement. Le procureur en profite pour suivre la dictée de la somme réclamée par le papa : «Il a dit cinq mille dinars», sans calculer, sans réfléchir, sans haine même. Le parquetier réclame sept ans de prison ferme. «Je profite aussi pour saluer les deux citoyens qui ont sauvé la victime.» Me Dalila Kada, la jeune avocate de l?inculpé dont le port d?une fine paire de lunettes la fait ressembler à un étudiant en? chimie, parle de maladie, d?infirmité de l??il gauche, des prises constantes de calmants pour suivre sa dépression nerveuse. «Appliquez-lui l?article 53 car c?est un malade», conclut-elle avant d?écouter le verdict. Son client écope de huit mois fermes. Cela va lui permettre d?oublier quelque part au «quatre ha» ses penchants pédophiles. D?où cette remarque de Me Nassera Ouali : «Il vaut mieux suivre médicalement et psychologiquement ces malades car dans les prisons, il y a des détenus qui n?ont pas de respect pour ces pédo? fous?»