Une visite dans trois wilayas ? Oran, Alger et Annaba ? nous a permis de faire le constat terrible : on agresse avec des sabres et des bombes lacrymogènes et ce de jour comme de nuit. Les rixes entre gangs éclatent, la drogue est entrée dans les m?urs de la délinquance. le phénomène gangrène une jeunesse délaissée et dés?uvrée. Ce n?est pas seulement un problème de lois, car il ne s?agit pas de mettre «des voyous» en prison au moment où d?autres prennent le relais? L?éternelle question de la prise en charge de la «petite délinquance», de l?enfance en danger moral est remise sur le tapis. Y a-t-il des centres spécialisés ? Qu?offrons-nous à ces gosses qui s?enfoncent, sans le savoir et le vouloir, dans les chemins de la délinquance. «Si le destin m?avait aidé, j?aurais choisi d?être ingénieur ou médecin au lieu de danser dans un cabaret. Mais que voulez-vous, c?est le mektoub ! C?est mon gagne-pain, je n?ai pas trouvé d?autres boulots !», nous confie une jeune femme rencontrée dans un cabaret à Annaba. La pauvreté, l?éclatement de la cellule familiale et le chômage reviennent tels des leitmotive? D?ailleurs, les chiffres avancés sont alarmants : en 2004, 3 319 enfants en danger moral ont été recensés à travers le pays, 796 d?entre eux ont été présentés à la justice, 217 ont été placés dans des centres de rééducation. En 2003, ils étaient 10 856 enfants. En 2004, ils étaient 10 965. Le nombre augmente et nos délinquants sont de plus en plus jeunes : l?année passée, plus de 6 000 «enfants délinquants», âgés entre 16 et 18 ans, ont été recensés et 5 000 autres entre 13 et 16 ans l?ont été par les services de la police. Les visites, effectuées avec les éléments de la gendarmerie à travers trois wilayas, Oran, Alger et Annaba, nous ont permis de constater que le phénomène prend de l?ampleur, que nos enfants et nos jeunes sont en danger à l?école, dans la rue et même chez eux ! La drogue circule facilement dans les établissements scolaires, les parents sont dépassés, la violence familiale, les divorces, le chômage, la promiscuité, le dés?uvrement sont des facteurs aggravants. Des plaies qui gangrènent leur existence ; une situation à laquelle il faudrait faire face aujourd?hui. Il ne s?agit nullement d?essayer de trouver un coupable, de jeter l?anathème sur la famille, l?école, les parents, la loi? Car chaque délinquant qui naît représente l?échec de toute la société, de tout son système qu?il faudrait changer ou réviser.