Commentaire Le rejet de la Constitution européenne par les Néerlandais a porté «un coup fatal» à ce traité, qualifié ce jeudi de «moribond», sinon de «mort et enterré», par la presse européenne. Aux Pays-Bas, le quotidien Algemeen Dagblad (centre droit) estimait que «le peuple néerlandais a donné, hier, le coup de grâce à la Constitution européenne». Le journal chrétien centriste Trouw évoquait «une gifle pour le gouvernement et pour la grande majorité des députés» et le populaire De Telegraaf, premier tirage du pays, la «punition sévère imposée à l'ordre établi». «Le non néerlandais met la Constitution européenne au bord de l'échec», titre, pour sa part, le journal espagnol El Pais, proche du gouvernement socialiste. «Le non des Pays-Bas donne le coup de grâce à la Constitution de la nouvelle Europe», titre encore le quotidien libéral espagnol El Mundo. «Trois jours après le rejet français, le non encore plus clair des Néerlandais à la Constitution européenne confirme que ce projet est en phase terminale», assure l'éditorial d'El Pais. La presse britannique estime que le rejet néerlandais est susceptible d'offrir une chance au gouvernement du Premier ministre Tony Blair de guider l'UE vers de nécessaires réformes quand il assurera la présidence tournante de l'UE le 1er juillet, mais ce ne sera pas sans risques. Pour le quotidien britannique de gauche Independent, la Constitution européenne est carrément «morte et enterrée». Le journal britannique Times (droite) estime, pour sa part, que le non néerlandais, qui montre le dégoût de cette nation pour l'état actuel de l'UE, est «un coup plus mortel» à la Constitution européenne. Pour le quotidien allemand Berliner Zeitung (centre-gauche), «quand la gauche et les libéraux, les Verts et la droite refusent de la même manière la Constitution, cette mauvaise humeur ne peut être motivée seulement par la politique nationale». Pour le grand quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, la complexité du traité constitutionnel et la mauvaise campagne du gouvernement néerlandais sont responsables de la victoire du non. «Le référendum aux Pays-Bas a montré combien il était absurde de voter pour un texte de presque 500 pages», que peu de gens ont lu, écrit le Journal de Munich. Dans la presse française, le journal Libération (gauche) estime que «la Constitution a servi à La Haye comme à Paris de bouc émissaire à des colères aussi multiples que contradictoires, contre les élites, les étrangers, la vie chère, le chômage, l'élargissement ou la bureaucratie de Bruxelles».