Le gouvernement Ouyahia et l?Ugta de Sidi Saïd donnent le ton à une rentrée sociale frappée du sceau de l?incertitude. La bipartite des 4 et 5 septembre a permis aux deux «protagonistes» d?étudier des dossiers brûlants sans qu'ils soient sûrs, au-delà des intentions couramment prêtées à cette insistante occupation du terrain, que cela soit payant. Le Smig, la privatisation, la Fonction publique et le logement social auront été les quatre principaux points inscrits à l?ordre du jour d?un conclave qui ne constituait en fait qu?une sorte d?avant-première et de prélude à la tripartie de l?hiver prochain à laquelle viendra se greffer le troisième larron, le patronat. Pour le premier point, les débats ont été très âpres. Actuellement à 8 000 DA, la Centrale syndicale misait sur la fourchette de 15 000, de quoi permettre à des millions d?Algériens de joindre un peu les deux bouts. Si le gouvernement cède à l?appétit du syndicat des travailleurs, il sait pertinemment que le Trésor public, déjà grandement sollicité en raison des milliards de dinars injectés dans l?optique de la réhabilitation des entreprises publiques viables devra en pâtir. Pour les analystes, une telle augmentation ne répond à aucune logique économique. Comment peut-on augmenter des millions de travailleurs dans une économie nationale non productive et dont l?assise n?est que les recettes des hydrocarbures, elles-mêmes destinées à l?importation de la nourriture et des médicaments, les deux produits de première nécessité ainsi qu?au recouvrement de la dette extérieure dont le chiffre mirobolant contraint les Algériens à serrer un peu plus la ceinture. S?il faut puiser du Trésor, cette courageuse vache à lait, cela ne voudrait aucunement dire que le pouvoir d?achat des Algériens va sensiblement augmenter. Toutes les écoles de l?économie moderne, de l?école classique au néo-keynésianisme, s?accordent à dire que si les charges de l?Etat augmentent, c?est le citoyen qui payera incontestablement l?addition avec plus d?impôts et des produits importés qui viendront, tel un coup de massue, achever définitivement le pouvoir d?achat de l?Algérien. Deuxième point d?achoppement dans tous les conclaves précédents, la privatisation sera, cette fois, un sujet à prendre avec des pincettes. A l?heure où l?Algérie se prépare activement à signer son entrée, sans tambour ni trompette, dans le très exigeant cercle de l?Organisation mondiale du commerce (OMC), le sort d?une centaine de milliers de travailleurs est suspendu à cette bipartite. Tout le monde s?accorde à dire que nos entreprises, jadis fleuron de la très politicienne industrie industrialisante, vivent l?asphyxie et que des milliers d?Algériens et donc des millions d?autres risquent de vivre l?infamie de la famine. Tabou jusque-là, la «dépermanisation» devient, aujourd?hui, la grande énigme dans la Fonction publique et est logée aussi à la même enseigne que le dossier de la privatisation. Autant dire qu?entre les promesses des uns et les assurances des autres, le petit Algérien ne sait plus où se situer?