Résumé de la 74e partie Suivant les instructions d?Aladdin, Badroulboudour invite le magicien africain à déjeuner. Le magicien africain, qui avait regardé comme une chose impossible le bonheur de parvenir si promptement et si facilement à entrer dans les bonnes grâces de la princesse Badroulboudour, lui marqua qu'il ne trouvait pas de termes assez forts pour lui témoigner combien il était sensible à ses bontés ; et en effet, pour finir au plus tôt un entretien dont il eût eu peine à se tirer s'il s'y fût engagé plus avant, il se jeta sur le vin d'Afrique dont elle venait de lui parIer, et il lui dit que, parmi les avantages dont l'Afrique pouvait se glorifier, celui de produire d'excellent vin était un des principaux, particulièrement dans la partie où elle se trouvait ; qu'il en avait une pièce de sept ans qui n?était pas encore entamée, et que, sans le trop priser, c?était un vin qui surpassait en bonté les vins les plus excellents du monde. «Si ma princesse, ajouta-t-il, veut me le permettre, j'irai en prendre deux bouteilles, et je serai de retour incessamment. ? Je serais fâchée de vous donner cette peine, lui dit la princesse ; il vaudrait mieux que vous y envoyassiez quelqu'un. ? Il est nécessaire que j'y aille moi-même, repartit le magicien africain, personne que moi ne sait où est la clef du magasin et personne que moi aussi n'a le secret de l'ouvrir. ? Si cela est ainsi, dit la princesse, allez donc et revenez promptement. Plus vous mettrez de temps, plus j'aurai l'impatience de vous revoir, et songez que nous nous mettrons à table dès que vous serez de retour.» Le magicien africain, plein d'espérance de son prétendu bonheur, ne courut pas chercher son vin de sept ans, il y vola plutôt, et il revint fort promptement. La princesse, qui n'avait pas douté qu'il ne fît diligence, avait jeté elle-même la poudre qu'Aladdin lui avait apportée dans un gobelet qu'elle avait mis à part, et elle venait de faire servir. lIs se mirent table vis-à-vis l'un de l'autre, de manière que le magicien avait le dos tourné au buffet. En lui présentant ce qu'il y avait de meilleur, la princesse lui dit : «Si vous voulez, je vous donnerai le plaisir des instruments et des voix ; mais, comme nous ne sommes que vous et moi, il me semble que la conversation nous donnera plus de plaisir.» Le magicien regarda ce choix de la princesse pour une nouvelle faveur. Après qu'ils eurent mangé quelques morceaux, la princesse demanda à boire. Elle but à la santé du magicien, et, quand elle eut bu : «Vous aviez raison, dit-elle, de faire l'éloge de votre vin, jamais je n'en avais bu de si délicieux. ? Charmante princesse, répondit-il en tenant à la main le gobelet qu'on venait de lui présenter, mon vin acquiert une nouvelle bonté par l'approbation que vous lui donnez. ? Buvez à ma santé, reprit la princesse ; vous trouverez vous-même que je m'y connais.» Il but à la santé de la princesse, et, en rendant le gobelet : «Princesse, dit-il, je me tiens heureux d'avoir réservé cette pièce pour une si bonne occasion ; j?avoue moi-même que je n'en ai bu de ma vie de si excellent en plus d'une manière.» (à suivre...)