Résumé de la 69e partie Aladdin, agréablement surpris par une apparition si peu attendue dans le désespoir où il était, demande au génie de lui indiquer le lieu ou se trouve son palais. Le lendemain, dès que l'aurore commença à paraître, Aladdin fut éveillé agréablement non seulement par le ramage des oiseaux qui avaient passé la nuit sur l'arbre sous lequel il était couché, mais même sur les arbres touffus du jardin de son palais. Il jeta d'abord les yeux sur cet admirable édifice, et alors il se sentit une joie inexprimable d?être sur le point de s'en revoir bientôt le maître, et en même temps de posséder, encore une fois, sa chère princesse Badroulboudour. Il se leva et se rapprocha de l'appartement de la princesse. Il se promena quelque temps sous ses fenêtres, en attendant qu'il fût jour chez elle et qu'on pût l'apercevoir. Dans cette attente, il cherchait en lui-même d'où pouvait être venue la cause de son malheur ; et, après avoir bien rêvé, il ne douta plus que toute son infortune ne vînt d'avoir quitté sa lampe de vue. Il s'accusa lui-même de négligence et du peu de soin qu'il avait eu de ne s'en pas dessaisir un seul moment. Ce qui l'embarrassait davantage, c'est qu'il ne pouvait s'imaginer qui était le jaloux de son bonheur. Il l'eût compris d'abord s'il eût su que lui et son palais se trouvaient alors en Afrique ; mais le génie esclave de l'anneau ne lui en avait rien dit ; il ne s'en était point informé lui-même. Le seul nom de l'Afrique lui eût rappelé dans sa mémoire le magicien africain, son ennemi déclaré. La princesse Badroulboudour se levait plus matin qu'elle n?avait coutume depuis son enlèvement et son transport en Afrique par l'artifice du magicien africain, dont, jusqu'alors, elle avait été contrainte de supporter la vue une fois chaque jour, parce qu'il était maître du palais ; mais elle l'avait traité si durement chaque fois qu'il n'avait encore osé prendre la hardiesse de s'y loger. Quand elle fut habillée, une de ses femmes, en regardant au travers d'une jalousie, aperçoit Aladdin. Elle court aussitôt en avertir sa maîtresse. La princesse, qui ne pouvait croire cette nouvelle, vient vite se présenter à la fenêtre et aperçoit Aladdin. Elle ouvre la jalousie. Au bruit que la princesse fait en l'ouvrant, Aladdin lève la tête ; il la reconnaît et il la salue d'un air qui exprimait l?excès de sa joie. «Pour ne pas perdre de temps, lui dit la princesse, on est aIlé vous ouvrir la porte secrète ; entrez et montez.» Et elle referma la jalousie. La porte secrète était au-dessous de l'appartement de la princesse ; elle se trouva ouverte et Aladdin monta à l'appartement de la princesse. Il n'est pas possible d'exprimer la joie que ressentirent ces deux époux de se revoir après s'être crus séparés pour jamais. Ils s'embrassèrent plusieurs fois et se donnèrent toutes les marques d'amour et de tendresse qu'on peut s'imaginer, après une séparation aussi triste et aussi peu attendue que la leur. Après ces embrassements mêlés de larmes de joie, ils s'assirent ; et Aladdin, en prenant la parole : «Princesse, dit-il, avant de vous entretenir de toute autre chose, je vous supplie au nom de Dieu, autant pour votre propre intérêt et pour celui du sultan votre respectable père que pour le mien en particulier, de me dire ce qu'est devenue une vieille lampe que j'avais mise sur la corniche du salon à vingt-quatre croisées, avant d'aller à la chasse. ? Ah ! cher époux ! répondit la princesse, je m'étais bien doutée que notre malheur réciproque venait de cette lampe ; et ce qui me désole, c'est que j'en suis la cause moi-même ! ? Princesse, reprit Aladdin, ne vous en attribuez pas la cause, elle est toute sur moi, et je devais avoir été plus soigneux de la conserver : ne songeons qu'à réparer cette perte, et pour cela faites-moi la grâce de me raconter comment la chose s'est passée, et en quelles mains elle est tombée.» (à suivre...)