Cinéma La projection, en avant-première, de Coup de foudre à Bollywood, a eu lieu, dimanche, à la salle El Mougar. Un coup de foudre s?abat à Bollywood, sur Lalita Bakshi, une jeune Indienne dont la somptueuse beauté égale l?intelligence et le farouche esprit d?indépendance, et sur William Darcy, un riche hôtelier américain, beau mais quelque peu altier. Par son attitude hautaine à l?égard de l?Inde, il se fait cependant repousser par Lalita qui, elle, s?avère très attachée à son pays. Elle n?est pas de celles qui, honteuses de leur culture et traditions, cherchent à renier leurs origines en s?occidentalisant. Et à chaque fois que William fait une tentative de rapprochement, Lalita le rejette avec mépris, à son tour, refusant tout dialogue avec lui. Le film, Coup de foudre à Bollywood, n?est pas seulement une histoire d?amour, tirée d?un conte à l?eau de rose, il est également une critique, même si cela se fait avec énormément d?humour, de la société indienne qui, encore aujourd?hui, demeure traditionaliste et attachée à de vieilles coutumes, largement séculaires. Autrement dit, Gurinder Chadha, la réalisatrice, dénonce les habitudes ? archaïques ? encore pratiquées en Inde, à savoir les mariages arrangés. Le film montre comment les mères agissent de manière à trouver un bon parti à leurs filles : Mme Bakshi est en quête de jeunes célibataires (surtout riches) pour ses filles, Lalita entre autres. Toutefois, pour Mme Bakshi, un personnage représentatif, à l?image de toutes les mères indiennes toutes classes sociales confondues, il n?est pas question de marier la cadette avant l?aînée. Si celle-ci ne l?est pas encore, aucune de ses s?urs ne le sera. Et c?est l?opprobre qui accable la famille entière si cela arrivait. Elles deviennent la risée de tout leur entourage. Ce qu?il faut éviter, quitte «à caser» l?aînée avec le premier venu, pourvu qu?il soit un «bon parti», c?est-à-dire riche. Le film est aussi une critique de ces Indiens qui, ayant quitté l?Inde pour aller vivre à l?étranger, y reviennent ? seulement pour quelque séjour ? entièrement européanisés ou américanisés avec beaucoup de clichés dirigés contre leur société : ils la voient avec un regard occidentalisé. Toute cette critique s?étale et se développe, sur une durée de près de deux heures, dans un style cinématographique privilégiant plutôt la comédie que des situations dramatiques, donnant ainsi au film un caractère joyeux et amusant. S?ajoutent à cette comédie chants et danses (comme il est de tradition dans le cinéma indien) créant une ambiance forte mettant l?accent sur les émotions. Enfin, le film nous immerge dans un univers d?une extrême richesse visuelle : splendeur des costumes, pittoresque de noces indiennes, furia de couleurs? L?Inde s?offre à nous dans une totale et excessive beauté. Cet Orient «orientalisé» vient alimenter les fantasmes se révélant dans sa beauté et sa splendeur, comme un lieu de rencontre, de rêves et de l?idéal esthétique incarné. (*) Coup de foudre à Bollywood est un film distribué par Kinomax