Résumé de la 84e partie La fausse Fatime est invitée à vivre au palais. Cette occasion tombait à point nommé. Le magicien pourra exécuter son plan en toute quiétude. La princesse voulut ramener le fourbe au salon aux vingt-quatre croisées, pour le faire dîner avec elle ; mais, comme pour manger il eût faIlu qu'il se fût découvert le visage qu'il avait toujours eu voilé jusqu'alors, et qu'il craignit que la princesse ne reconnût qu'il n'était pas Fatime la sainte femme, comme elle le croyait, il la pria avec tant d'insistance de l'en dispenser, en lui représentant qu'il ne mangeait que du pain et quelques fruits secs, et de lui permettre de prendre son petit repas dans son appartement, qu'elle le lui accorda. «Ma bonne mère, lui dit-elle, vous êtes libre, faites comme si vous étiez dans votre ermitage ; je vais vous faire apporter à manger ; mais souvenez-vous que je vous attends dès que vous aurez pris votre repas. La princesse dîna, et la fausse Fatime ne manqua pas de venir la retrouver dès qu'elle eut appris par un eunuque qu'elle avait prié de l'en avertir, qu'elle était sortie de table. «Ma bonne mère, lui dit la princesse, je suis ravie de posséder une sainte femme comme vous, qui va faire la bénédiction de ce palais. A propos de ce palais, comment le trouvez-vous ? Mais, avant que je vous le fasse voir pièce par pièce, dites-moi premièrement ce que vous pensez de ce salon.» Sur cette demande, la fausse Fatime, qui pour mieux jouer son rôle avait affecté jusqu'alors d'avoir la tête baissée, sans même la détourner pour regarder d'un côté ou de l'autre, la leva enfin, et parcourut le salon des yeux d'un bout jusqu'à l'autre, et, quand elle l'eut bien considéré : «Princesse, dit-elle, ce salon est véritablement admirable et d'une grande beauté. Autant néanmoins qu'en peut juger une solitaire qui ne s'entend pas à ce qu'on trouve beau dans le monde, il me semble qu'il y manque une chose. ? Quelle chose, ma bonne mère ? reprit la princesse Badroulboudour. Apprenez-le-moi, je vous en conjure. Pour moi, j'a cru, et je l'avais entendu dire ainsi, qu'il n'y manquait rien. S'il y manque quelque chose, j'y ferai remédier. ? Princesse, repartit la fausse Fatime avec une grande dissimulation, pardonnez-moi la liberté que je prends ; mon avis, s'il peut être de quelque importance, serait que, si au haut et au milieu de ce dôme il y avait un ?uf de roc suspendu, ce salon n'aurait point de pareil dans les quatre parties du monde, et votre palais serait la merveille de l?univers. ? La bonne mère, demanda la princesse, quel oiseau est-ce que le roc, et où pourrait-on en trouver un ?uf ? ? Princesse, répondit la fausse Fatime, c'est un oiseau d'une grandeur prodigieuse, qui habite au plus haut du mont Caucase, et l?architecte de votre palais peut vous en trouver un.» (à suivre...)