Résumé de la 83e partie Le magicien réussit à se faire passer pour la sainte Fatime. Tout le monde s?y laissa prendre même les gens de Badroulboudour qui l?envoya chercher. Quand le magicien, qui sous un habit de sainteté cachait un c?ur diabolique, eut été introduit dans le salon aux vingt-quatre croisées et qu'il eut aperçu la princesse, il débuta par une prière qui contenait une longue énumération de v?ux et de souhaits pour sa santé, pour sa prospérité et pour l'accomplissement de tout ce qu'elle pouvait désirer. Il déploya ensuite toute sa rhétorique d'imposteur et d'hypocrite pour s'insinuer dans l'esprit de la princesse sous le manteau d'une grande piété; et il lui fut d'autant plus aisé de réussir que la princesse, qui était bonne naturellement, était persuadée que tout le monde était bon comme elle, ceux et celles particulièrement qui faisaient profession de servir Dieu dans la retraite. Quand la fausse Fatime eut achevé sa longue harangue : «Ma bonne mère, lui dit la princesse, je vous remercie de vos bonnes prières; j'y ai grande confiance, et j'espère que Dieu les exaucera ; approchez-vous et asseyez-vous près de moi.» La fausse Fatime s'assit avec une modestie affectée ; et alors, en reprenant la parole : «Ma bonne mère, dit la princesse, je vous demande une chose qu?il faut que vous m?accordiez ; ne me refusez pas, je vous en prie : c?est que vous demeuriez avec moi, afin que vous m?entreteniez de votre vie, et que j?apprenne de vous et par vos bons exemples comment je dois servir Dieu. ? Princesse, dit alors la feinte Fatime, je vous supplie de ne pas exiger de moi une chose à laquelle je ne puis consentir sans me détourner et me distraire de mes prières et de mes exercices de dévotion. ? Que cela ne vous fasse pas de peine, reprit la princesse ; j'ai plusieurs appartements qui ne sont pas occupés : vous choisirez celui qui vous conviendra le mieux, et vous y ferez tous vos exercices avec la même liberté que dans votre ermitage.» Le magicien, qui n'avait d'autre but que de s'introduire dans le palais d'Aladdin où il lui serait bien plus aisé d'exécuter la méchanceté qu?il méditait, en y demeurant sous les auspices et la protection de la princesse, que s'il eût été obligé d'aller et de venir de l'ermitage au palais et du palais à l'ermitage, ne fit pas de plus grandes instances pour s'excuser d'accepter l?offre obligeante de la princesse. «Princesse, dit-il, quelque résolution qu'une femme pauvre et misérable comme je le suis ait faite de renoncer au monde, à ses pompes et à ses grandeurs, je n'ose prendre la hardiesse de résister à la volonté et au commandement d'une princesse si pieuse et si charitable.» Sur cette réponse du magicien, la princesse, en se levant elle-même, lui dit : «Levez-vous et venez avec moi, que je vous fasse voir les appartements vides que j'a¦, afin que vous choisissiez.» ll suivit la princesse Badroulboudour ; et de tous les appartements qu'elle lui fit voir, et qui étaient très propres et très bien meublés, il choisit celui qui lui parut l'être moins que les autres, en disant, par hypocrisie, qu'il était trop bon pour lui, et qu'il ne le choisissait que pour complaire à la princesse. (à suivre...)