Périple Croyant avoir accompli le plus dur en décrochant son examen, le nouveau bachelier découvre que le parcours du combattant continue. En un laps de temps court, le futur universitaire doit tout apprendre sur le système d?orientation s?il ne veut pas rater son rendez-vous avec l?université. Ils sont nombreux les étudiants qui, au bout d?une année d?exercice, ont décidé d?opter pour une autre spécialité. D'autres, au lieu de changer de spécialité, se sont acharnés pour obtenir leur licence après plusieurs échecs durant leur cursus universitaire. Des années, qu?ils regretteront toujours, sont ainsi parties en fumée. Ce sont surtout les aînés de chaque famille qui en pâtissent le plus. Si les autres ont la chance d?avoir un grand frère ou un cousin qui a déjà emprunté le chemin escarpé de la faculté, eux découvrent sur le tas les différentes techniques du système d?orientation. C?est ainsi qu?ils se rendent compte qu?il ne suffit pas de souhaiter, mais de dûment remplir une fiche de v?ux pour que celle-ci passe par un logiciel qui devra décider froidement de l?avenir d?une personne qui a étudié durant une bonne quinzaine d?années. L?euphorie n'aura finalement duré que le soir qui suit l?affichage des résultats. Le lendemain, c?est tout le monde qui commence à courir et à gesticuler dans tous les sens. Les parents, qui n?ont jamais fréquenté l?université et qui croyaient qu?il suffisait juste d?avoir le mot de passe magique pour y accéder, commencent à exercer la pression sur leur futur médecin qui ne souhaite pas l?être. Les voisins et les amis de la famille s?y mettent aussi pour brouiller carrément le jeune qui commence à se rendre compte que l?été ne sera pas de tout repos. «Tu verras après le bac, tu profiteras de ton été après des journées et des soirées de dur labeur, me disait ma mère», se rappelle, désabusée, une jeune fille rencontrée à l?université de Bouzaréah, essoufflée et irritée. Avec 10,75 de moyenne, elle se rend compte que ses choix sont très limités. «En outre, l?agent d?orientation m?a découragée en me disant que les premiers servis sont ceux qui ont obtenu les meilleures moyennes», ajoutera-t-elle en affirmant que pareils conseils auraient été les bienvenus avant le bac. «Au moins j?aurais su à quoi m?en tenir.» Son cas n?est malheureusement pas isolé puisque, chaque année, des dizaines de milliers de jeunes se heurtent à la dure réalité. Après le bac, les difficultés continuent, et parfois elles sont plus grandes. C?est ce que confirme ce jeune de 21 ans rencontré devant l?entrée de l?Académie d?Alger à El-Harrach. 13 heures, le soleil tapant, il est adossé au mur d?enceinte en compagnie d?autres jeunes garçons et filles. Attendant que le portier le laisse voir les résultats du bac, il souhaite que sa moyenne soit «meilleure que celle de l?année passée. Si je l?obtiens bien sûr. Pour la dernière session, mon 10,52 m?a coûté une place à l?Institut de bibliothéconomie», dira ce passionné d?informatique. D?où la décision de refaire son bac. Un effort dont il se serait bien passé s?il avait su à temps comment fonctionne le système d?orientation.