"Réalité" L?absence de contrôle n?a fait qu?aggraver la situation dont la première victime est le client. Limitée jusqu'à la moitié des années 90 à quelques «professionnels», l'activité de chauffeur de taxis clandestins a connu, à Oran, un développement vertigineux, au point de s'imposer comme une réalité incontournable aux usagers. Prendre un taxi clandestin est devenu, aujourd?hui, dans la capitale de l'Ouest, un geste banal, admis par tout le monde depuis que les lignes urbaines et suburbaines ont été désertées par «les véhicules jaunes». Pour cause de non rentabilité des lignes, pour certains, ou pour changement d'activité, pour d'autres. Les aires de stationnement affectées à ces derniers, depuis des décennies, sont actuellement «investies» par les clandestins. Forts de leur position, «les clandos» imposent à leurs clients des prix exorbitants. Le créneau est si porteur que beaucoup d'ex-chauffeurs de taxi «légaux» se sont reconvertis en clandestins, renforçant ainsi les rangs de ces derniers qui, par la force des choses et au fil des années, se sont érigés en véritable corporation. Il est vrai que la libéralisation du secteur des transports et l'entrée en force des microbus et autres fourgons aménagés ont porté un coup dur à ces «chauffeurs de taxi légaux», dont bon nombre ont hérité du métier de leur père. Ne pouvant plus faire face à la concurrence, ils ont, soit transféré leurs activités pour les longs trajets par les dessertes reliant la ville d'Oran aux grandes villes de l'ouest du pays, Mascara, Saïda, El-Bayadh, Sidi Bel Abbes...), soit abandonné carrément le métier. La nature ayant horreur du vide, les stations de taxis, boudées par les «véhicules jaunes» ont vite fait d'être occupées par les «clandos». Issus d'horizons et de secteurs d'activités divers, ces derniers sont venus au «métier», poussés par les vicissitudes de la vie, expliquent-ils. En effet, l'on apprendra que cette nouvelle «corporation» compte en son sein d'anciens travailleurs compressés des entreprises publiques locales (EPL), de jeunes retraités ayant bénéficié de cette mesure par anticipation, mais encore, plusieurs petits fonctionnaires en activité, à la recherche de ressources supplémentaires, en vue de faire face aux aléas de la vie quotidienne ou d?accélérer la construction d'un logement. Parfaitement organisés, «les clandestins» se partagent la ville d'El-Bahia.