Résumé de la 11e partie Par la ruse, Sindbad put remonter sur la montagne transporté par des aigles. Les marchands l'accusèrent de leur avoir volé leurs diamants, mais il s'en défendit. Sindbad reprit ainsi son histoire : «Consolez-vous, ajoutai-je : j'ai des diamants pour vous et pour moi plus que n'en peuvent avoir tous les autres marchands ensemble. S'ils en ont, ce n'est que par hasard ; mais j'ai choisi moi-même, au fond de la vallée, ceux que j'apporte dans cette bourse que vous voyez.» En disant cela, je la lui montrai. Je n'avais pas achevé de parler que les autres marchands qui m'aperçurent s'attroupèrent autour de moi fort étonnés de me voir, et j'augmentai leur surprise par le récit de mon histoire. Ils n'admirèrent pas tant le stratagème que j'avais imaginé pour me sauver que ma hardiesse à le tenter. Ils m'emmenèrent au logement où ils demeuraient tous ensemble et là, ayant ouvert ma bourse en leur présence, la grosseur de mes diamants les surprit et ils m'avouèrent que dans toutes les cours où ils avaient été ils n'en avaient pas vu un qui s'en approchât. Je priai le marchand à qui appartenait le nid où j'avais été transporté (car chaque marchand avait le sien), je le priai, dis-je, d'en choisir pour sa part autant qu'il en voudrait. Il se contenta d'en prendre un seul, encore le prit-il des moins gros et, comme je le pressais d'en recevoir d'autres sans craindre de me faire tort : «Non, me dit-il ; je suis fort satisfait de celui-ci, qui est assez précieux pour m'épargner la peine de faire désormais d'autres voyages pour l'établissement de ma petite fortune.» «Je passai la nuit avec ces marchands, à qui je racontai une seconde fois mon histoire pour la satisfaction de ceux qui ne l'avaient pas entendue. Je ne pouvais modérer ma joie quand je faisais réflexion que j'étais hors des périls dont je vous ai parlé. Il me semblait que l'état où je me trouvais était un songe, et je ne pouvais croire que je n'eusse plus rien à craindre.» «Il y avait déjà plusieurs jours que les marchands jetaient des pièces de viande dans la vallée et, comme chacun paraissait content des diamants qui lui étaient échus, nous partîmes le lendemain tous ensemble et nous marchâmes par de hautes montagnes où il y avait des serpents d'une longueur prodigieuse, que nous eûmes le bonheur d'éviter. Nous gagnâmes le premier port, d'où nous passâmes à l'île de Roha, où croît l'arbre dont on tire le camphre et qui est si gros et si touffu que cent hommes y peuvent être à l'ombre aisément. Le suc dont se forme le camphre coule par une ouverture que l'on fait au haut de l'arbre, et se reçoit dans un vase où il prend consistance et devient ce qu'on appelle camphre. Le suc ainsi tiré, l'arbre se sèche et meurt.» (à suivre...)