Résumé de la 10e partie Perdu dans la vallée où le jeta le rock, Sindbad se cacha des serpents venimeux et s'endormit après avoir consommé ces dernières provisions. «Mais j'étais à peine assoupi, raconta-t-il, que quelque chose, qui tomba près de moi avec grand bruit, me réveilla : c'était une grosse pièce de viande fraîche ; et dans le moment j'en vis rouler plusieurs autres du haut des rochers en différents endroits. J'avais toujours tenu pour un conte fait à plaisir ce que j'avais ouï-dire plusieurs fois à des matelots et à d'autres personnes touchant la vallée des diamants, et l'adresse dont se servaient quelques marchands pour en tirer ces pierres précieuses. Je connus bien qu'ils m'avaient dit la vérité. En effet, ces marchands se rendent auprès de cette vallée dans le temps que les aigles ont des petits. Ils découpent de la viande et la jettent par grosses pièces dans la vallée ; les diamants sur la pointe desquels elles tombent s'y attachent. Les aigles, qui sont en ce pays-là plus forts qu'ailleurs, vont fondre sur ces pièces de viande et les emportent dans leurs nids au haut des rochers pour servir de pâture à leurs aiglons. Alors les marchands, courant aux nids, obligent, par leurs cris, les aigles à s'éloigner et prennent les diamants qu'ils trouvent attachés aux pièces de viande. Ils se servent de cette ruse parce qu'il n'y a pas d'autre moyen de tirer les diamants de cette vallée, qui est un précipice dans lequel on ne saurait descendre. «J'avais cru jusque-là qu'il ne me serait pas possible de sortir de cet abîme, que je regardais comme mon tombeau ; mais je changeai de sentiment, et ce que je venais de voir me donna lieu d'imaginer le moyen de conserver ma vie? «Je commençai par amasser les plus gros diamants qui se présentèrent à mes yeux, et j'en remplis la bourse de cuir qui m'avait servi à mettre mes provisions de bouche. Je pris ensuite la pièce de viande qui me parut la plus longue et l'attachai fortement autour de moi avec la toile de mon turban, et en cet état, je me couchai, le ventre contre terre, la bourse de cuir attachée à ma ceinture de manière qu'elle ne pouvait tomber. «Je ne fus pas plus tôt en cette situation que les aigles vinrent ; chacun se saisit d'une pièce de viande qu'il emporta, et un des plus puissants m'ayant enlevé de même avec le morceau de viande dont j'étais enveloppé, me porta au haut de la montagne jusque dans son nid. Les marchands ne manquèrent point alors de crier pour épouvanter les aigles et, lorsqu'ils les eurent obligés à quitter leurs proies, un d'entre eux s'approcha de moi, mais il fut saisi de crainte quand il m'aperçut. Il se rassura pourtant et, au lieu de s'informer par quelle aventure je me trouvais là, il commença de me quereller en me demandant pourquoi je lui ravissais son bien. Vous me parlerez, lui dis-je, avec plus d'humanité lorsque vous m?aurez mieux connu.» (à suivre...)