Réalité n «Aujourd?hui, les automobilistes respectent vigoureusement la loi, vous n?avez qu?à voir, ils portent tous la ceinture de sécurité.» «Oui ! Ils ont peur qu?on leur retire leur permis ou qu'on leur dresse des procès surtout que les barrages de gendarmerie ou de police sont partout dans la capitale ! La réglementation n?a jamais été aussi respectée !», témoigne Ammi Mohamed, chauffeur de taxi depuis 25 ans. «Il faut réprimer, parfois, pour faire respecter la loi ! De nos jours, nos routes tuent !», rétorque Kamel, un jeune étudiant en lettres arabes. Saïd, la quarantaine, cadre dans une entreprise étatique, confie que depuis l?entrée en vigueur de la nouvelle loi, il fait plus attention lorsqu?il conduit. «Avant de démarrer, je boucle ma ceinture de sécurité, je vérifie si tout est en ordre. Je n'oublie rien, car je ne veux pas qu?on me colle un procès ! Et puis, je n?ai pas envie de traîner d?une administration à une autre pour récupérer mon permis, sans compter les dépenses ! Je ne vais pas m?amuser à dépenser mon argent pour payer mes procès, j?ai une famille à nourrir !» Si l?application du Code de la route a réussi, selon les statistiques officielles, à diminuer le nombre des accidents et des morts sur nos routes, d?autres campagnes, lancées parallèlement, n?ont eu aucun écho. A titre d?exemple, la campagne de nettoyage lancée par Net Com «Alger la Blanche», qui consiste à encourager la population à respecter l?hygiène et à ne pas jeter les ordures en dehors des heures permises, n?a pas été une grande réussite. Les ordures et les déchets jonchent les ruelles de la capitale, à tout moment même si les affiches de cette campagne sont placardées sur tous les murs d?Alger. «Il y a quelques années, l?on infligeait une amende de 50 DA aux citoyens qui crachaient par terre ou urinaient dans la rue ! A l?époque, 50 DA, c?était une fortune ! Aujourd?hui, les gens le font n'importe où, crachent où bon leur semble et personne ne leur dit rien, il n?y a même pas de lois. Comment voulez-vous que la capitale retrouve sa blancheur ? Comment voulez-vous préserver l?environnement sans lois ! Tout le monde s?en f? ! Il faut responsabiliser les gens et les faire payer s?il le faut», s?insurge Rabah, 66 ans, retraité. De nombreuses autres lois, notamment l?interdiction de fumer dans les endroits publics, ont été décrétées par les pouvoirs publics, pourtant leur application est loin de voir le jour. Ne faudrait-il pas infliger des amendes aux contrevenants pour faire respecter ces lois collectives qui visent à établir un ordre social ? «Tout le monde fume partout, personne ne respecte la loi, bien sûr du moment qu?il n?y a aucune sanction, nul ne se sent concerné !», s?indigne Nadia, ingénieur dans une entreprise privée. «Au bureau déjà, mes collègues fument, ils nuisent aux non-fumeurs et ne se sentent guère concernés ! Pourquoi ne pas penser à coller des procès aux fumeurs dans les lieux publics comme cela se fait partout dans le monde ?» En effet, l?absence de contrôle, de suivi rigoureux et de mesures coercitives encourage le laxisme et le laisser-aller, les campagnes de sensibilisation ne suffisent pas si elles ne sont pas accompagnées de mesures dissuasives.