Nadia, Miriam et Souad sont trois jeunes universitaires, en troisième année anglais, à Bouzaréah. Juste après les examens «de synthèse», elles ont dû troquer leurs polycopiés contre le tablier de serveuse dans une grande pizzeria d? El-Biar. «C?est passionnant comme métier, car cela vous permet de côtoyer beaucoup de gens, mais c?est surtout très éreintant. Debout, tout le temps là, au service du consommateur pour 9 000 DA ! C?est vraiment de la souffrance», dit Souad, l?aînée de ce charmant trio pizzaïolo. Elle dit avoir tout simplement sacrifié ses vacances pour se faire un petit pactole avant la rentrée. «Tout le monde sait que la bourse ne peut rien nous faire dans un pays où tout est cher. Tout. J?ai des amies qui m?ont proposé d?aller passer trois semaines du côté de Jijel, mais quand j?ai bien réfléchi, je me suis dit tout de suite qu?il vaut mieux trouver de l?embauche comme saisonnière dans une pizzeria et gagner un peu d?argent que d?aller faire du camping et revenir par la suite sans le sou? Maâlich, les vacances, ce sera, peut-être, pour l?année prochaine», a-t-elle ajouté. Nadia, elle aussi en troisième année anglais, dit avoir besoin d?argent pour acheter des livres dès la rentrée prochaine, mais dit avoir aussi envie d?apprendre un métier, car on ne sait jamais? «Je ne vous cache pas que je ne compte pas trop sur les études. Je vois rôder autour de moi des étudiants qui ont eu leur diplôme, mais qui peinent à trouver un job. Donc avec un métier dans la poche, même celui de serveuse, on peut tout de même envisager l?avenir avec moins de peur.»