Confidences n Les quelques témoignages que nous avons recueillis des jeunes filles d?El-Alia, à Bab Ezzouar, sont illustratifs. Nadia, Djohar et deux de leurs camarades n'ont pas attendu la fin de leurs études pour quitter leurs 4 m2 de la cité universitaire. Il y a huit mois, elles se sont installées dans un deux-pièces, rue Mohamed-Belouizdad. Venues de Béjaïa, elles ont commencé, disent-elles, une vie totalement nouvelle dès leur rentrée à l?université où chacune suit une spécialité différente. «Nous nous sentons bien mieux dans cet appartement, nous partageons le loyer et toutes les tâches ménagères», témoignent-elles. «On espère seulement trouver du travail avec notre diplôme en bibliothéconomie, car retourner au village pour rester enfermée à la maison, à attendre le prince charmant, serait inconcevable.» «La crainte de tomber dans le chômage est très pesante», affirme, pour sa part, Souhila, 23 ans. Arrivée à Alger il y a trois ans, elle refuse également de retourner dans son village natal après la fin de ses études et «gaspiller quatre ans d?études en sciences politiques», dit-elle. Pour Samira, étudiante en troisième année de journalisme, originaire de Skikda, la voie est toute tracée : «J?ai tenu à travailler, parallèlement à mes études de journalisme, en tant que serveuse dans une pizzeria pour préparer mon installation définitive à Alger. Avec ce que je gagne, je prévois de louer un studio en colocation avec une amie, étudiante elle aussi, à la fin de notre cursus universitaire. Un endroit où je puisse me sentir chez moi et concrétiser tous mes rêves que je ne pourrais réaliser en dehors de la capitale.» Leïla, elle, ne s?inquiète nullement du qu?en-dira-t-on. Son frère de 22 ans,, avec qui elle s?est installée il y a près d?un an et demi dans un bâtiment vétuste au centre d?Alger, la met à l?abri de tous les ragots. Leïla est originaire d?un village appelé Aafir, près de Dellys, à 35 km de Boumerdès. «Mon père s?est opposé, au départ, mais avec le soutien de mon frère qui m?a rejointe à Alger après l?obtention de son bac, il a fini par accepter la situation. Rentrer à Dellys signifierait pour moi revenir à un monde sans avenir et me retrouver entre quatre murs, comme ma s?ur aînée devenue femme au foyer malgré elle», remarque-t-elle.