Rendez-vous Des artistes peintres, comme Valentina Ghanem, Oulhaci et Mustapha Nedjaï qui, exposant leurs tableaux à la galerie d?art de la Citadelle d?Alger, invitent le public à venir découvrir et explorer leurs peintures. Des réalisations picturales à travers lesquelles l?observateur parvient à percevoir la sensibilité de l?artiste, à déceler l?inspiration qui, artistique et richement créatrice, alimente ses peintures. Ce qui interpelle de prime abord l?attention, c?est la présence permanente et récurrente, voire obsessionnelle, du personnage de la femme. Celle-ci se présente, dans l?imaginaire de Valentina Ghanem, dans des postures impudentes, aguicheuses, dans des poses lascives, s?étirant jusqu?au déploiement de son corps, ou bien encore se ramassant sur elle-même. Telle que conçue par Valentina Ghanem, la femme apparaît nue, libertine, solitaire, rêveuse, pensive, s?abandonnant nonchalamment à ses pulsions, à ses chuchotements intérieurs. Chez Oulhaci, elle se présente certes sensuelle et charnelle, mais autrement, dans des apparences confuses, indéfinies. Si Valentina Ghanem peint la femme d?une manière apparente, aux formes nettement distinctes, Oulhaci, quant à lui, présente cet être anonyme, sans apparence physique ou encore sans traits représentatifs. La femme apparaît dans l?imaginaire de ce dernier sous des traits flous, imprécis, insaisissables au regard. Elle apparaît telle une silhouette fluide, échappant à la nomination, alimentant ainsi les fantasmes de chacun, nourrissant leurs rêveries intimes, régénérant leur sensibilité, puisque chacun est amené librement à attribuer un visage à ce personnage féminin. Oulhaci présente la femme, ce personnage si énigmatique, directement issue de son mental et qui est le pur produit de son inconscient, dans un décor fait seulement de couleurs et où les objets ainsi que les formes géométriques n?existent pas, un décor qui, à mesure que le regard s?attarde à l?observer se dilue et se métamorphose. C?est un univers onirique, faisant littéralement référence à ce qu?il ressent. Dans les deux peintures, ce sont donc des scènes intimes qui se présentent au regard de l?observateur, un regard sombrant dans le ravissement. Pour ce qui est des peintures de Mustapha Nedjaï, elles sont composites, complexes, s?organisant en un énoncé, voire en un discours chargé de contextes signifiants et d?unités représentatives. Il s?agit d?une réflexion érigée sur l?interrogation suivante : les mots ont-ils un sens ? D?une peinture à l?autre, l?artiste s?emploie à dévoiler le dysfonctionnement du discours et à dénoncer ses intentions tortueuses et sournoises. Il s?emploie à mettre en exergue l?imposture de la parole. D?ailleurs, les couleurs symbolisent l?usage inconséquent et de travers de la parole, du mot. L?exposition collective qui a lieu à la galerie d?art de la Citadelle d?Alger offre au visiteur un ensemble de la peinture algérienne, une vision de l?artiste qu?il porte sur soi et/ou sur le monde extérieur. Un détour en vaut la peine.