La fonction de photographe ambulant est un métier qui tend à disparaître. Par le passé, il y en avait une vingtaine, voire une trentaine ici. Aujourd?hui, il n?en reste que très peu. Mohamed fait partie des rescapés. Un Polaroïd en bandoulière, il sillonne l?esplanade pour dénicher un ou deux clients. Peine perdue : «Cela fait presque quatre heures que je n?ai pas eu un client.» Auparavant, ses clients, jeunes, moins jeunes, vieux et vieilles faisaient la queue pour être pris en photo non sans débourser les 300 DA nécessaires. Cette léthargie n?est pas sans raison. «Les gens viennent rarement. Ce n?est que le week-end qu?on peut parler d?affluence sinon les autres jours c?est la dèche il m?arrive de rentrer bredouille à la maison», se désole-il, précisant que c'est le cas de tous les autres photographes ambulants qui ont dû, la mort dans l?âme, déserter les lieux, faute de clients. Saâd, lui, est portraitiste. Il gagne sa vie en faisant le portrait des gens, dans un coin de la grande esplanade. Comme Mohamed, Saâd a des soucis quant à l?avenir. «Dessiner quoi ? les murs, les arbres ? je ne vais quand même pas frapper aux portes des gens et leur dire de venir sur l?esplanade» ironise-t-il amèrement.