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Froufrous de nuit à Béjaïa
VIREE SUR LA CÔTE
Publié dans L'Expression le 10 - 08 - 2005

Elles sont au moins une vingtaine, toutes aussi jeunes les unes que les autres. Court-vêtues et carrément dénudées, elles sont à la chasse.
Béjaïa est une région dotée d'une beauté époustouflante. Elle recèle des valeurs faites d'histoire marquée par des résistances le plus souvent héroïques face à l'envahisseur. Avec ses 100 km de littoral, la capitale des Hammadites a toujours su capter des milliers d'estivants qui la choisissent pour un repos dans un milieu de quiétude, de fraternité et de solidarité. Béjaïa la belle et la rebelle a changé avec le temps pour devenir aujourd'hui bien autre chose. Tout en gardant sa beauté féerique, quoiqu'usée par le temps, Béjaïa est plongée dans un cercle vicieux qui, avec le temps, a fini par faire fuir même les siens. Des vacanciers d'autrefois, on n'en voit que rarement. Leur place est prise par de nouveaux avec des comportements tout aussi nouveaux à bien regarder de loin, mais plus près, on est tenté de conclure à une déchéance des valeurs et la perte des repères. Si le jour, tout parait ordinaire, c'est pendant la nuit que l'on découvre le degré de la décadence. A Béjaïa, l'ambiance nocturne se résume à quelques concerts de chants qui ne drainent pas grand monde. Et pourtant, les gens sortent, mais pour aller où? Bien que parfois, un plateau de choix leur est offert par les structures existantes, les vacanciers préfèrent les foires. Rares sont les artistes qui remplissent leurs salles. Un véritable temps de disette pour ceux qui sont en principe là pour nous bercer avec leurs créations. Djamel Allam disait récemment, lors de l'une de ses deux productions à la Maison de la culture, qu'« il était plus intéressant d'investir dans un fast-food que dans la culture ». Une sentence qui en dit long sur la décadence.
On préfère les foires
C'est le dernier week-end de juillet qui s'achève. Béjaïa grouille de monde. La chaleur met dehors le plus imprudent. A première vue, on s'interroge quelles salles pourraient contenir ces foules qui, tous vacanciers qu'ils sont, iraient sans hésitation voir un spectacle pour se défouler. Mais non, il est 20h passées au TRB, la salle de spectacle attend ses visiteurs qui ne viennent toujours pas. Quelques familles étaient déjà là se demandant sans doute pourquoi elles y étaient, tant la salle était presque vide. A l'entrée, un agent de sécurité nous explique que «c'est comme ça chaque soir, et quel que soit le programme». Le même constat, nous allons le faire quelques minutes après à la Maison de la culture de la ville qui fait figure de deuxième pôle culturel de la ville. Djamel Allam se produisait ce soir-là pour la seconde fois consécutive. Enfant de la région et doté d'un talent qui a dépassé la frontière, on pensait naturellement que cet artiste de renommée internationale allait faire le plein. Et bien non, la salle était clairsemée. Son frère, qui dirigeait l'organisation, affichait un air inquiet. «Hier, c'était mieux que ce soir», déclara-t-il. Courageusement, Djamel et son orchestre entament la partie pour la finir une heure et demie après, avec une rencontre avec les fans du jour. Les présents ne se sont pas empêchés toutefois de danser et de chanter avec la vedette. Sa sentence, il l'avait faite sur scène en invitant les organisateurs à ouvrir les portes à ceux qui attendent dehors. Mais qui attend dehors? Presque personne. Mais non loin de là, c'est la queue pour entrer dans la foire. On se bouscule même. «C'est à se demander si les gens sont en vacances?» s'indignait une fan de Djamel Allam, qui a fait le déplacement d'El Kseur.
23 heures. Capritour, village touristique, était bondé. il était difficile de trouver une place pour un stationnement. Normal! dirions-nous puisque au programme de ce soir des vedettes de raï. Un organisateur reconnut en nous la presse, nous dénicha rapidement une place. La presse est le bienvenue, il va parler de nous. C'est sans doute dans ce sens qu'il avait reçu les consignes.
Avec 400 DA et parfois plus, il vous sera difficile de trouver une place au Théâtre de verdure. Le beau monde est ici. Tous les friqués de la région y élisent domicile pendant toute la saison. Des émigrés en majorité. Certains ont loué, d'autres y possèdent des appartements qu'il ont acquis au prix fort. Dans le théâtre, régnait une ambiance de fête. Mais les gens étaient si crispés que la joie s'est un peu éteinte dans ce lieu.
Allez savoir pourquoi. Nous quittons Capritour, juste avant la fin du spectacle. Dehors, les restaurants et les pizzerias sont au nettoyage. Nous poursuivons notre chemin vers Tichy, une station balnéaire qui n'est pas née d'aujourd'hui. Notre tournée commence aux premiers hôtels. Des sites hôteliers se comptent par dizaine sur cette côte. Ils étaient ce soir tous à moitié occupés. Ici, le décollage n'a pas encore lieu. Les familles ne sont pas encore là. La situation ne diffère pas trop d'un établissement à un autre en matière d'occupation des chambres «Habituellement nous faisons le plein en cette période», disait le réceptionniste qui nous indiquait en même temps l'endroit d'où venait le bruit d'un spectacle raï. C'est la discothèque, comme en possèdent tous les hôtels de luxe privés, qui nous accueille. Ici, tout est propre. Vous serez même accueilli avec le sourire d'une charmante créature, du moins en apparence, car en réalité ces filles, qui officient dans ces lieux, font, en plus du rôle d'attirer le client, le plus vieux métier du monde. L'ambiance est surchauffée déjà à notre arrivée. Elles sont au moins une vingtaine, toutes aussi jeunes les unes que les autres. Court-vêtues et carrément dénudées, elles sont à la chasse. Ici, pas de comédie, tout est clair ! Dans ce « cabaret » on s'encanaille.
Les discothèques font le plein
Mais la meilleure discothèque, nous dit-on se trouve à Aokas dans un hôtel tout aussi luxueux que ceux que nous avons eu à visiter depuis une heure. Cinq grandes salles, dont une en plein air, deux bars, des toilettes et une piste de danse. Le tout sous une lumière tamisée. Aux clients de choisir par où commencer. Ici, les assoiffés peuvent avoir et à satiété, tout l'alcool et toutes les filles qu'ils souhaitent. Là aussi, les mêmes que la vie a brisées et que les hommes ont détruites originaires la plupart du temps de l'Ouest algérien, elles sont venues gagner leur vie en vendant leurs corps. La voix abîmée du chanteur, décuplée par le bombardement nasillard des baffles ne réussit pas à le sortir de sa torpeur. Son visage endormi est soutenu par la main. Le coude posé sur la table devant la énième bouteille de bière vide. «Il est déjà loin le type, de l'autre côte de la nuit», crie le patron à travers la folle déferlante des décibels en réponse à mon regard de curieux posé sur l'homme en question, le chanteur, cheb «on ne sait qui», entrecoupe ses couplets tout faits par des gorgées d'une boisson dont on n'arrivait pas à savoir ce que c'est. Il repose son verre sur la table de mixage. Le claviste s'envoie sa canette de bière en moins que ça. Les courbes de l'univers en émoi. Les décorations dessinées par les spirales de fumée des cigarettes se mêlent aux mouvements de ses hanches. «Il est encore tôt, ce n'est qu'à partir de 1h que ça se chauffe en général», soutient le patron qui a décidé comme par hasard de nous accompagner durant toute la soirée. Ici, les sont habillées avec une certaine élégance; certes, toujours court-vêtues et outrageusement maquillées. Mais aussi bien la coupe que le tissu des vêtements, tout respire l'aisance ! Elles sont sous la direction d'un chef de groupe auquel appartiennent aussi les musiciens et les chanteurs mais aussi à la disposition des clients. «Les filles sont là pour danser, attirer le client, le faire boire et s'il le faut, elles iront encore plus loin», explique ce patron qui précise que «la chambre est au compte du client». Toutes les filles sont logées à l'hôtel pendant la basse saison. En été, elles sont parquées dans un endroit loin des regards. «C'est normal, il faut respecter les familles qui viennent séjourner chez nous.» Ces familles n'étaient pas nombreuses ce soir. «Elles gagnent bien leur vie», avance le barman qui explique que «chaque fille est tenue de ramasser une somme minimale variant en fonction de la soirée». «Au finish toute la somme récoltée est partagée avec les membres du groupe.» Tables éparses, filles seules qui draguent du regard, serveurs suspicieux, mais très serviables, faible lumière. Une fille se lève et danse pour le plaisir de son «ami», visiblement bien aisé. Le patron lui fait, quelques instants après, le geste de nous rejoindre. Elle semble hésitante et s'empresse de rejoindre son client à table. «Elle ne voudra pas qu'on lui vole son client», explique notre compagnon. En effet, après renseignement, cette fille, celle qui semble en apparence la plus cotée, s'est attablée avec un richissime de Sétif, un habitué que toutes les filles se disputent, non pas pour sa beauté, mais pour ses poches. Le patron nous quitte un instant pour s'enquérir de la situation un peu tendue au fond de la salle, derrière lui des gaillards qu'on appelle ici les videurs. La nuit s'étire entre les rechekat et les tournées de bière. Le chanteur lorgne du côté des deux jeunes qui viennent de faire leur entrée dans la salle. «Vive la jeunesse», lance-t-il dans l'espoir d'une rechka, dédicace saluée par un bon billet. Ils ne se sont même pas attablés que, deux filles les rejoignent. La piste est bien occupée: couple mains aux fesses, groupe d'amis qui s'en va loin déjà dans la débauche.


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