Exhibition n Le baroud traditionnel retentit de nouveau grâce à l?Association auressienne de fantasia. La Rose, Felloudja, Echabka ne sont pas des espèces de fleurs, un toponyme ni encore un filet de pêche, mais des noms de tableaux de danses des bardia (tireurs de baroud) qui se veulent les fidèles gardiens de la tradition auressienne selon laquelle une nouvelle mariée ne quitte la demeure parentale pour gagner le foyer conjugal que sous des salves de baroud. N?utilisant que des armes de modèles historiques artisanaux, classées en 8e catégorie et libres de circulation et de la poudre noire également artisanale, ces tireurs se sont organisés, depuis 2002, en l?Association auressienne de fantasia. A l?authenticité de la tradition, les bardia ont, pour être dans l?air du temps, développé l?aspect spectacle en véritables professionnels du show. Ainsi, aux exhibitions en solo, duo et trio, basées surtout sur l?habilité individuelle du tireur à jouer et danser avec son arme, l?association, orchestrée par Mostafa Yousfi, sexagénaire et fin tireur, a créé de véritables tableaux chorégraphiques collectifs, baptisés de plusieurs noms, dont El-Warda, Felloudja, Echabka et autres. La Rose est exécutée par une dizaine de tireurs qui se positionnent en deux cercles concentriques. Le plus petit est celui des tireurs à grands fusils. Le plus grand réunit les tireurs armés de qarabila, vieux fusils proches des tromblons. Ce sont les bardia du centre qui tirent les premiers et sont suivis aussitôt par ceux du grand cercle. Vues d?en haut, les fumées denses et noirâtres, crachées par les puissantes armes séculaires, ressemblent aux pétales d?une rose qui éclôt. Pour la Felloudja, les tireurs forment deux rangées qui se placent face à face. Elles avancent, en dansant, l?une vers l?autre, se croisent et, au moment du détachement des deux rangs, tirent dans une synchronie très minutée générant une explosion assourdissante. Dans tous les tableaux ainsi que lors des exhibitions, les tirs s?intègrent, en une symbiose totale, à la musique et aux chants des Rahaba, une troupe folklorique. Ainsi, précise Mostafa Yousfi, le baroud ne retentit qu?à la fin de la takhmissa (refrain) ou d?une longue et mélodieuse ayta ou stekhbira. «Dans Les Aurès, une fête sans baroud c?est comme un repas sans sel ou un baiser sans moustache», relève Mostafa Yousfi.