Interrogation n «Quelle est la contrepartie que donnera le pouvoir après la signature du pacte social avec l?Ugta ? Attention ! Il y a danger.» C'est ce qu'a affirmé Redouane Osmane, président du Conseil des lycées d?Alger (CLA), lors d?une rencontre organisée, hier, par son mouvement dans le cadre de l?université syndicale de la rentrée sociale qui s?est tenue au cercle de la confédération des cadres de finances. «Pas de pacte social sans pacte scolaire? Chaque fois que l?on nous parle de croissance, ils nous disent d?attendre. Attendre quoi, alors que les réserves de l?Etat sont pleines ?» s?est-il indigné en affirmant qu?actuellement il s?agit d?agir «pour dire non à ce pacte et proposer un pacte d?urgence sociale qui touchera toutes les couches défavorisées en Algérie, pour sortir enfin de l?impasse des réformes économiques déclenchées en 1994». En effet, pour le CLA, «toutes les négociations dans les différentes bipartites et tripartites se sont soldées par un échec. L?augmentation des salaires étant liée à l?amplitude de la grille salariale et des carrières qui n?ont pas bougé depuis 20 ans. La prise en compte des qualifications, le blocage de carrières et des promotions ont réduit les fonctionnaires actifs au stade de retraités à la précarité». Invité à cette rencontre qui se poursuivra aujourd?hui, Nacer Djabi, sociologue à l?université d?Alger, a évoqué l?historique du mouvement syndical en Algérie. Pour lui, pour comprendre ce mouvement il faut d?abord connaître la place des couches moyennes dans la société. «En Algérie, la couche salariale est inexistante. Que peut, en effet, faire un médecin avec une paie de 50 000 DA ?! Et puis que reste-t-il de la réputation de stabilité et de prospérité qu'avaient des secteurs auxquels appartiennent les intellectuels (avocats, médecins, ingénieurs, architectes, journalistes..) ?», a-t-il martelé en reprenant : «Il faut que l?Etat prenne des décisions politiques, économiques et sociales pour améliorer les conditions de vie de ces couches, assurer la stabilité pour, peut-être, prétendre à une quelconque évolution. Le cas échéant, nous irons vers une société de l?exclusion qui favorise le pourrissement, les émeutes seraient alors la seule forme d?expression de la population». Cet auteur de plusieurs recherches, dont la dernière est sur le mouvement syndical en Algérie, a déclaré également que la précarité ne favorise pas la stabilité. «Notre élite politique ne connaît pas le monde du travail, car elle n?est pas issue de ce milieu, ce qui complique la tâche des syndicats. D?ailleurs, ces derniers sont en déclin en Algérie et ils font face à la montée d?une élite conservatrice qui est souvent contre le travail.» Revendication salariale l Dans un communiqué rendu public, le CLA revendique «une augmentation salariale et une échelle mobile des salaires pour permettre le maintien et la progression du pouvoir d?achat, l?ouverture immédiate de négociations salariales et une juste distribution des richesses», «une revalorisation du point indiciaire» et une «prise en compte des qualifications, déblocages des carrières et améliorations des promotions des enseignants».