Des enseignants, des représentants de syndicats autonomes, des militants de partis politiques et de simples citoyens ont pris part, hier, vers 10h, au rassemblement auquel a appelé le Conseil des lycées d'Alger (CLA). Une manifestation qui s'est déroulée devant le Palais de justice de Bab El Oued (Bainem) où devait comparaître devant la cour en pénal et à la même heure, le secrétaire général du CLA et ce, suite à une plainte déposée contre lui par l'Académie d'Alger. En guise, également, de réponse à l'appel du CLA, la majorité des lycées d'Alger ont observé un arrêt des cours. Les établissements du secondaire de la capitale et sa périphérie n'ont pas été opérationnels et la plupart des enseignants ont rejoint le rassemblement. En effet, près d'une centaine de personnes se sont regroupées devant le tribunal, sous l'œil vigilant des services de sécurité. Ces derniers n'ont même pas tenté de disperser la foule. Une foule d'ailleurs, responsable et bien organisée...Le procès prévu à 10h a été déprogrammé pour 12h30. Le concerné était au rendez-vous, cependant la partie plaignante n'a pas fait le déplacement au tribunal. L'absence de cette dernière a poussé le juge a procédé au report de l'affaire au 16 octobre prochain. Le porte-parole du CLA a qualifié ce procès de celui de la grève et est convaincu que ceux diligentés par le parquet à l'encontre des représentants de syndicats visent beaucoup plus à museler les porte-voix et les acteurs de la revendication sociale. M. Osmane, premier responsable du CLA, n'arrive pas à expliquer l'instauration d'un régime quasi naturel de recours à la procédure des référés pour suspendre une grève et impliquer des responsables syndicaux alors que, selon lui, une grève est une décision votée collectivement. « Quelle lecture peut-on faire de la saisie systématique par la tutelle du juge en référé pour bloquer un mouvement social ? Comment comprendre, en outre, la multiplication des plaintes en pénal à l'égard des syndicalistes ? », s'interrogent les responsables du CLA. Ces derniers ont avancé des réponses à leurs interrogations. Ils sont convaincus qu'ils sont devant un déni de justice dont l'expression est une série d'atteintes au droit à s'organiser, à s'exprimer et à mener des actions concertées pour l'amélioration des conditions de vie et de travail. Revenant sur les raisons d'un rassemblement et de la généralisation de la protestation dans les écoles du secondaire, le porte-parole du CLA estime que cette démarche permettra de maintenir la mobilisation et d'impliquer davantage les enseignants. « La paralysie des écoles a pour but de démontrer que nous continuons à être contre la répression. Nous considérons qu'il n'y a qu'un seul rempart, à savoir la solidarité syndicale, mais aujourd'hui la solidarité à elle seule ne suffit pas pour lutter contre la répression et l'atteinte aux libertés syndicales. A mon sens, et c'est l'avis de tous les syndicalistes du CLA, il faut mener une campagne contre la répression », dira le représentant du CLA tout en indiquant qu'il y a actuellement près d'une centaine de syndicalistes qui sont poursuivis en justice et parmi eux figurent ceux affiliés aux syndicats autonomes et ceux de l'UGTA. Le pouvoir de l'avis du CLA ne veut même de l'idée de syndicat autonome. Celui-ci argumente ces propos en précisant qu'il appelle à la signature de trêve avec des syndicats institutionnels. Concernant les poursuites judiciaires, M. Osmane estime qu'en Algérie les pouvoirs publics n'ont pas une marge de manœuvre que la répression car, selon lui, ils n'ont pas offert un cadre de médiation aux syndicats autonomes. Par conséquent la seule carte qui leur reste à jouer avec les syndicats en question n'est autre que celle de la répression. « Heureusement que face à cette situation nous avons la mobilisation qui permet aux gens de s'identifier avec les revendications. En faisant un procès à M. Osmane, c'est le syndicat dans son ensemble qui est visé. Normalement tous les syndicalistes doivent s'inquiéter de la situation. Aujourd'hui les enseignants et toutes les personnes qui se sont déplacés au tribunal sont venus pour, plus précisément, soutenir le mouvement et dénoncer la répression », a expliqué M. Osmane.