Bilan n Plus de 200 détournements ont été signalés dans les agences d?Algérie Poste durant les quatre dernières années. L'information est du premier responsable d?Algérie-Poste, Mlle Houadria Ghania. La directrice d?AP a, en effet, fait un diagnostic de choc : durant les quatre dernières années, les services d?Algérie Poste ont recensé pas moins de 200 cas de détournement sur l?ensemble du territoire national. Outre la saisie de la justice qui a déjà statué sur 20% des cas présentés, une dizaine de mesures répressives ont été prises en parallèle. Il s?agit notamment des inspections rapprochées au niveau des bureaux de poste, des vérifications comptables et de la mobilisation de 300 inspecteurs chargés du contrôle et du suivi de l?ensemble des structures de la poste. Ne niant pas l?existence du phénomène des détournements, la directrice d?Algérie Poste affirme, toutefois, que ce phénomène est marginal par rapport à la masse monétaire manipulée. «La masse détournée tourne autour de quelque 0,01% de l?argent qui transite par la poste», a-t-elle affirmé. Pour tenter d?endiguer ce mal, des mesures de sécurisation maximale des fonds sont en cours. «Aujourd?hui, les risques sont réduits de moitié», a déclaré, il y a quelque temps, la directrice lors de son passage au forum d?El Moudjahid, où elle avait disséqué un bulletin de santé plutôt préoccupant. Parmi les mesures de sécurisation des fonds, le passage à la monétique est plus que recommandé. Inscrite dans le programme de la mue d?Algérie Poste, la monétique aura comme effet immédiat la disponibilité, la rapidité et la sécurité. Pour cela, AP assure dans une première étape le déploiement de 200 nouveaux distributeurs de billets de banque. La mise à la disponibilité des grandes surfaces et des commerçants de 100 terminaux de paiement électronique permettant aux clients détenteurs de cartes de payement CCP d?effectuer des achats en s?acquittant des factures électroniquement. Pour rappel, l?opération pilote a démarré au mois de mars 2005. «Intra-muros» l Si les hold-up sont rares parce que les potentiels auteurs savent pertinemment qu?ils n?auront que d?infimes chances de s?en sortir indemnes, les détournements «intra-muros» sont, depuis quelques années, légion dans nos différents bureaux de poste. Pourquoi ? «Des liasses de billets sont à la portée des receveurs et des préposés aux guichets», ironise un cadre de la direction d?Algérie Poste. Mais, en fait, le procédé des détournements est presque le même et ça marche souvent à tous les coups. Les receveurs des postes et les agents de guichets opèrent des détournements sur des comptes particuliers ciblés au préalable, évidemment selon la consistance des montants déposés. Les préposés-voleurs utilisent, le plus souvent, des chèques des détenteurs de ces comptes en falsifiant des pièces d?identité pour opérer les retraits. Le «trou» n?est, en fait, découvert que lorsque les victimes, incrédules au moment des faits, s?aperçoivent que leurs comptes sont «allégés» de plusieurs millions. l Depuis trois ou quatre ans, les détournements ont été réduits de moitié alors que les agents éclaboussés dans ces sales affaires sont actuellement traînés devant la justice. Pour ce qui est d?autres mesures disciplinaires, chaque personne sur laquelle pèsent de lourds soupçons, est automatiquement suspendue, voire carrément radiée de la corporation. Et au sujet du sort des personnes âgées qui disent être souvent malmenées, et même parfois escroquées dans les bureaux de poste par des guichetiers sans scrupules, il nous a été affirmé que si des cas sont signalés «alors je vous promets que les sanctions tomberont immédiatement. Ces vieux, ce sont nos mères et nos pères. Cela il ne faut pas l?oublier», conclut-il.