Même si ce phénomène est très peu confessé et encore moins reconnu, le mariage forcé est une pratique qui perdure, en dépit de l?évolution des mentalités. Ces derniers accordent, en effet, une très grande importance à la réussite de leur vie privée et amoureuse. C?est ce que révèlent de nombreuses enquêtes récentes. Mais faut-il encore que le mariage résulte du choix personnel consenti par deux personnes qui s?aiment. Il arrive en effet que des parents essaient d?influencer le choix du futur conjoint de leur enfant. La famille peut employer toutes sortes de moyens : chantage affectif, violence, contraintes physiques et parfois menace de déshériter l?enfant lorsqu'il s'agit, notamment, des hommes? Dans certains cas, des mères sont carrément répudiées sous prétexte qu'elles n'ont pas bien élevé leurs filles, lesquelles osent défier l'autorité parentale en choisissant elles-mêmes leur partenaire. Ainsi, même s?il est peu dévoilé car peu dénoncé, le mariage forcé existe, mais il reste un phénomène difficile à cerner en l'absence de données fiables relatives à ce sujet. Il est également très difficile de dire combien de femmes, en âge de se marier, se trouvent confrontées à ce drame. Elles sont déchirées entre la nécessité de s?opposer farouchement au mariage qui leur est imposé et la peur de trahir leurs parents. En effet, par peur de l?opprobre de la famille, nombreuses sont les femmes qui se sentent incapables de dire non ! Les pressions psychologiques et familiales qu'elles subissent les empêchent de se révolter contre leur situation, plus précisément contre leur famille. Cette dernière est souvent renfermée sur des coutumes contraires aux droits garantis par le Code de la famille qui exige le consentement des époux lors de cette union. Le mariage forcé naît dans la souffrance et la douleur, même si cette pratique fait actuellement l'objet d'une véritable prise de conscience, elle continue d?être à l?origine de plusieurs divorces. Interrogés à ce propos, certains parents affirment que leur attitude est dictée essentiellement par deux raisons. La première est liée aux problèmes socioéconomiques. Certains parents voient, semble-t-il, dans le mariage de leur fille, une charge en moins et un espace de plus pour le fils en âge de se marier. La seconde raison évoquée est beaucoup plus profonde et tient aux traditions, selon lesquelles la fille est le symbole de l?honneur de la famille. Ainsi, pour éviter que leurs filles ne prennent goût au célibat, ils préfèrent se mettre eux-mêmes à la recherche du «bon prétendant». Ces deux cas de figure sont une réalité dans notre société et continuent d?être entourés d?un silence presque religieux.