Costume noir trois pièces, chemise blanche bien repassée, une cravate arc-en-ciel, des chaussures minutieusement cirées, cheveux poivre et sel bien gominés et bien coiffés, Mokrane donne l?air d?un P-DG, pourtant il n?était qu?un simple fonctionnaire des impôts à la wilaya d?Alger. «C?est durant l?époque coloniale que j?ai appris à entretenir mon look, l?administrateur nous exigeait une tenue bien propre, depuis, c?est devenu une habitude chez moi», explique-t-il. Une autre habitude chez Mokrane, 68 ans, originaire de Petite Kabylie, le journal ne le quitte jamais. «Je le lis de A à Z, même les condoléances ! Je prends tout mon temps pour le terminer et comme ça je suis au courant de toute l?actualité. Parfois, je débats, avec mes amis, les sujets d?actualité», explique-t-il. Mokrane a bien su choisir ses camarades, tous issus de l?école française comme lui. C?est rarement qu?ils parlent dans une langue autre que celle de Victor Hugo, même quand il s?agit de leur quotidien. «On est plus à l?aise avec cette langue, de plus on est des victimes du colonialisme», justifie-t-il.