Professionnalisme n La mise à l?écart des trois joueurs du Mouloudia d?Alger, Belahouel, Boukaroum et Benfissa, par leur entraîneur Robert Nouzaret continue d?alimenter les discussions dans les fiefs du club et même au sein de l?opinion sportive. Chacun y va de son avis, de sa vision et de sa perception du football. Evidemment, il y a ceux qui sont contre et estiment que les joueurs écartés sont le produit d?un football algérien dont le niveau a beaucoup régressé et que, vu leur mentalité et leur manque de professionnalisme à la base, devront bénéficier de plus d?indulgence et de temps pour apprendre certaines règles propres au comportement d?un joueur pro. D?autres, en revanche, estiment que ces trois joueurs, et bien d?autres, sont assez chouchoutés et payés grassement pour se permettre des attitudes jugées contraires à un minimum de professionnalisme, comme arriver tout le temps en retard ou sécher les entraînements sans préavis ou justificatif, bouder l?équipe et se mettre à l?écart ou bien carrément critiquer ouvertement son entraîneur ou ses employeurs. Le phénomène chez nous a pris de telles ampleurs qu?il est devenu anodin et faisant partie du décor ambiant d?un football plus qu?amateur. Mais voilà qu?un certain Robert Nouzaret débarque dans cette planète bizarroïde pour, non seulement, mettre à la porte trois joueurs pour cause d?indiscipline, mais se permetttre de les critiquer ouvertement. L?un (Benfissa), pour son état d?esprit et sa triche (simulation de blessure pour cacher son mauvais rendement contre Chlef), l?autre (Boukaroum), pour ce qu?il a montré comme choses négatives et le troisième (Belahouel), pour n?avoir carrément pas le niveau. En sa qualité d?entraîneur endurci et trempé dans une rigueur professionnelle, Nouzaret a franchi un pas que beaucoup de nos entraîneurs n?ont pas osé faire pour une multitude de raisons. C?est aussi une affaire de culture et de conscience professionnelle que d?attaquer le mal à la racine en commençant par dire la vérité à des joueurs (dont ce n?est pas forcément la faute, mais plutôt celle d?un système) qu?ils n?ont pas un niveau suffisant pour exiger un statut ou un salaire qui ne sied pas à leur véritable valeur. Aussi, chauffer le banc ou se faire remplacer au cours d?une rencontre n?ont jamais été des situations réjouissantes pour un joueur de foot, ici comme ailleurs, mais l?attitude de nos footballeurs laisse transparaître un certain niveau d?immaturité qui frôle le fameux «je veux être estimé à ma juste valeur». L?affaire de l?ex-joueur albanais du Paris SG Lorik Cana qui, aidé par son père, a critiqué ouvertement son entraîneur Laurent Fournier pour l?avoir confiné dans le rôle de l?éternel remplaçant, démontre que le phénomène n?est pas propre à notre football, sauf que chez nous les proportions sont plus grandes. Gâter un bon joueur, c?est bien, mais en faire le meilleur, c?est mieux. En revanche, faire croire à un tocard qu?il est le meilleur juste pour se faire de l?argent sur son dos, c?est tuer le jeu. Aujourd?hui, notre football national en pâtit tristement. Pourtant, Pigulea, l?illustre inconnu devenu un jour sélectionneur national, avait annoncé la couleur le jour où, paraît-il, il avait demandé à des internationaux de mettre le ballon dans la cage vide à partir du rond central et que la plupart avaient raté le cadre. C?est ce qu?on appelle un défaut de fabrication. Et il est rare de rattraper un défaut de fabrication, car s?il est possible de le faire avec une bagnole en la rappelant à l?usine pour rectifier le tir, cela devient bien contraignant de le faire avec un footballeur.