Cohabitation n Apparemment, les Chinois ont fait leur le trait de caractère principal des Algériens : «la débrouillardise». Après avoir inondé les marchés des grandes villes avec leurs produits bon marché et s?être convertis en vendeurs à la sauvette aux côtés des adolescents algériens, vint pour eux l?ère de la cordonnerie. A Ouled Fayet, où se trouvent des centaines d?ouvriers chinois qui travaillent dans le bâtiment, quelques-uns ont, en effet, choisi de faire le métier de cordonnier. «Un très vieux et authentique métier dans leur pays d?origine, la Chine», explique un contre-maître dans un chantier qui a essayé de jouer le rôle d?interprète, en vain ! Dong ji yan (avec des réserves sur l'orthographe) 32 ans, exerce comme ses deux confrères, ce métier depuis 2 ans. Et de l?avis de beaucoup d?habitants d?Ouled Fayet, ce cordonnier chinois fait du bon travail. «Je dois être franc, ça fait 13 mois que j?ai réparé mes chaussures chez lui et elles sont toujours intactes, de plus, le fil n?apparaît presque pas sur les côtés. Il a su très bien les recoudre, contrairement à nos cordonniers qui ne sont intéressés que par l?argent. Je pense que ce Chinois est un véritable artiste», explique un jeune riverain. Mais il y a une seule chose que ce cordonnier chinois est capable de prononcer sans problème, c?est le mot dinar, et il connaît même les sommes : 100 DA, 200 DA, etc. et ce en arabe et en français. Cependant, il ne demande pas de grosses sommes contre ses services. «Il n?a jamais demandé un prix supérieur à 200 DA, ce qui explique le nombre important de clients qui sollicitent ses services», dit un ouvrier. Ces cordonniers chinois travaillent surtout avec leurs compatriotes. A côté de Dong, un grand sachet noir plein de chaussures usées attendant d'être réparées, il s?agit, selon lui, de celles des ouvriers chinois qui, eux aussi, sont des adeptes de la récupération. Le jeune cordonnier chinois, qui vient, selon le contre-maître du chantier où il travaille, d?un village de l?intérieur de la Chine, refuse catégoriquement de révéler sa cagnotte quotidienne. «C?est certainement pour qu?il n?y ait pas de concurrence de ses compatriotes. Imaginez si tous les Chinois qui sont en Algérie se convertissent en cordonniers, tous les cordonniers (locaux) chômeraient à coup sûr !», explique un sexagénaire.