L'Espresso, un magazine proche de l'opposition italienne, a publié la semaine dernière le reportage d'un de ses journalistes dénonçant des actes racistes et des brimades infligées aux immigrés par des gardiens dans le centre pour étrangers de l'île de Lampedusa (sud de la Sicile). Le reporter, qui a réussi à demeurer une semaine dans le centre en se faisant passer pour un immigrant clandestin, a affirmé que ni lui ni aucun des immigrés dont il a partagé le sort n'ont été entendus par un magistrat durant sa détention à Lampedusa, contrairement à ce que prévoit la législation. «Insultes racistes, brimades physiques, humiliations, privations de nourriture... Certains détenus sont obligés de se déshabiller», raconte-t-il, et «d'autres, de confession musulmane, de regarder des images pornographiques». Gatti, qui a passé huit jours avant de pouvoir rejoindre Rome, décrit des scènes effroyables. Il indique que les brimades que l'Italie fait subir à ces clandestins ne sont pas sans rappeler ce qui se passe à Abou Ghraïb et Guantanamo. Le reportage, qui a profondément choqué l'Italie, n'a pas ému pour autant le gouvernement qui s'est contenté d'ouvrir plusieurs enquêtes et de poursuivre le journaliste pour «usurpation d'identité». Les autorités italiennes ont, par ailleurs, décidé de multiplier les centres de rétention pour les immigrés clandestins, en dépit du scandale suscité par le reportage. Le ministre de l'Intérieur l'a clairement affirmé : les centres ne seront pas fermés, comme réclamé par l'opposition, mais «renforcés et améliorés».