Les plus grands poètes de melhoun, piliers de la poésie populaire, sont, selon les historiens, Sidi Lakhdar Ben Mekhlouf et Sidi Abdelaziz El-Maghraoui : «Ils sont issus de la grande tribu des Maghraoua, dont le berceau était la ville du Chéliff et les monts du Dahra, l?une des premières tribus berbères à s?islamiser et qui se constituera en principautés s?étendant du Maroc à la Libye, en passant par Sijilmassa dans le Tafilalet, berceau présumé du melhoun.» Dans un registre voisin de la littérature maghrébine appelée orale, d?autres paroliers de talent vont leur succéder, connus ou moins connus. El-Badji reste le plus grand parolier de l?ère moderne. Il a intégré de nouveaux instruments de musique afin de donner au chaâbi un cachet particulier. Ce genre musical n?est pas resté statique ; il a su épouser les mutations qu?impose la modernité, grâce, bien sûr, à des auteurs-compositeurs de la trempe d?El-Badji, qui a laissé un florilège de chansons constamment reprises par les jeunes chanteurs. Récemment, Fella Ababsa a repris Nathadet maâk ya qalbi, l?une de ses plus belles compositions. Aziouz Raïs l?a également reprise avec le timbre de voix qui le caractérise. Le répertoire chaâbi est riche d?une panoplie de qacidas qui ont fait la gloire de leurs auteurs. El-Hadj Mohamed El-Anka a excellé dans l?art de l?interprétation. Il était capable de tenir en haleine une assistance pendant des heures. L?élève qui a surpassé son maître, cheikh Nador, a, à son actif, les plus beaux et les plus grands textes qui constituent la quasi-totalité du répertoire chaâbi. Parmi ces textes, Echahda de cheikh Sidi Lakhdar Benkhlouf, El-meknassia de Sidi Qaddour El-Alami, Youm el-djemaâ de M?barek Essoussi, Dhaïf Allah de Djilali Mthired, Hadjou lafkar d?El-Bourachedi, Bousalef Meriem de Ben Omar, Ouelfi Meriem de Kaddour Benachour, Nakar lahsen d?Anjar, Ezzaghloul de Mustapha Toumi, Khnata d?El Hbâbi, El-ouarda de Thâmi Medaghri, Es-sâqi de Sidi Qaddour El-Alami, Zhour de El-Ouazani. L?autre figure de proue du chaâbi est El-Hadj M?rizek, l?incomparable interprète des historiettes en vers et des textes dialogués qui a apporté au chaâbi cette note d?humour et cet entrain qui manquaient au répertoire d?El-Anka, notamment avec El-Qahoua ou lataï de Madani Turkmaniet ou El-Qadhi d?El-Mernissi. La génération qui suivit est aussi truculente. El-Hadj El-Hachemi Guerrouabi est réputé pour son admirable interprétation de textes épiques comme El-Harraz de cheikh El-Mekki et Youm el-djemaâ de M?barek Essoussi. D?autres chanteurs tout aussi émérites ont fait la gloire du chaâbi, tels El-Hadj M?naouer, Khlifa Belkacem, Amar El-Achab, Amar Ezzahi, etc.