Les deux mots les plus courants qui signifient en français «blanc» sont en arabe byad? et en berbère amellal ; ils signifient aussi «pur, immaculé, parfait, bon», significations que l?on retrouve dans des expressions courantes comme «qalbu byad?» en arabe et «ullis d amellal» en berbère (il a le c?ur blanc), où «blanc» a le sens de «honnête, bon». La couleur blanche sert de dénominations à plusieurs référents, notamment l??uf, appelé bayda en arabe et tamellalt en kabyle, mots dérivant directement des termes signifiant «blanc» ; les deux mots servent aussi de désignation, par euphémisme, du testicule. Avec certains référents, byad? et amellal prennent des valeurs négatives ; ainsi, les cheveux blancs sont perçus comme un signe de vieillissement et donc de mort prochaine, de même que le drap blanc qui fournit le linceul et le costume du mort (pièce de drap blanc cousue sur le cadavre). A l?exception du burnous et de la gandoura, manteau et tunique traditionnels, les vêtements blancs sont peu répandus. Si les mariées kabyles sont de plus en plus nombreuses à porter la robe blanche à la mode européenne, elles revêtaient, il n?y a pas si longtemps, des robes multicolores, symboles de vitalité. Si le blanc est mal vu ici, c?est parce qu?il est uniforme et sans variation, rappelant ainsi le costume du mort et le linceul. D?ailleurs, dans les rêves, les vêtements blancs sont interprétés soit comme des symboles de pureté, soit comme l?annonce de la mort.