Prise de vue n Quatre regards, dont chacun a une origine (Algérie, Maroc, La Réunion et Afrique du Sud) se dévoilent et révèlent une existence, un décor. Tous mettent en scène une situation sociale, historique et même culturelle, et cela à travers l?image à laquelle chacun accorde une place particulière, puisqu?elle est lieu de l?expression et du dit. Quatre regards se croisent dans un même espace : le Centre culturel français d?Alger. Et dans ce lieu où est exposée une quarantaine de tableaux (photographies), une ouverture se propose de nous emmener dans des lieux différents et des époques autres, de la manière la plus artistique et de façon à découvrir des émotions ainsi que des impressions. L?exposition se veut ainsi un voyage dans le temps mais également dans le présent, elle donne à voir d?autres formes et propose un choix d?artistes spécifiques à une région, à une culture. Thami Benkirane, un Marocain, évoque, dans ses photographies (même si cela est choquant, provocant susceptible d?agresser des âmes sensibles), les rites de l?Aïd el-kebir, à savoir la fête du sacrifice, où il est montré tout le rituel, du début jusqu?à la fin. L?autre photographe maghrébin est Mohammed Dib, fait inédit pour nous, car tout le monde le connaît comme un personnage versé dans l?écriture. Il se trouve que la photographie est aussi pour lui une autre forme d?écriture, une manière également d?appréhender le réel, aussi bien l?espace que le temps. Puisqu?il s?agit d?une écriture en image. Ces photographies ont été réalisées dans les années 1940, avant même la révélation de sa carrière littéraire qui, elle, a débuté en 1952, avec La Grande Maison. La photo est-elle le cheminement qui l?a conduit, plus tard, à la littérature ? Ses photographies prise à Tlemcen ont pour légende : «Tlemcen ou le lieu de l?écriture». L?on est, semble-t-il, dans l?écriture, quelle que soit sa nature, en images ou en signes. Quels que soient le type, le procédé, l?écriture reste toujours un moyen d?expression, un vecteur de sentiments. André Albany (île de La Réunion) illustre, raconte son île, celle des années 1930. Il dévoile en image la mémoire coloniale de son temps. D?ailleurs ses photographies ont pour titre générique : «Mémoire». Les photographies étaient réalisées par devoir de mémoire. Ce sont des témoignages agissant contre l?oubli. Enfin, Zwelethu Mthethwa (Afrique du Sud) révèle, à travers ses travaux, un christianisme aux accents syncrétiques. Elles dressent des portraits d?individus dans leur espace intime, dans des bidonvilles aux alentours du Cap. Chaque photographie est marquée par quelques éléments symboles du christianisme, un christianisme mêlé à des pratiques religieuses et culturelles spécifiques à la population noire. Ici, le christianisme, métissé, devient un panaché de légendes, de superstitions et de spirituel. L?exposition se tient, rappelons-le, au Centre culturel français d?Alger ; ouverte au grand public tous les après-midi, elle se poursuivra jusqu?au 30 novembre. Les photographies, notons-le, ont été exposées à la 5e rencontre de la photographie africaine qui s?est déroulée l?année dernière à Bamako.