InfoSoir : Vous dites qu?en Algérie, il n?existe pas de chiffres concernant les accidents domestiques? Dr Myriam Behloul : Oui, effectivement, il n?existe pas de statistiques fiables concernant ce type de dangers. Mais il doit y avoir des chiffres surtout que ce phénomène est très répandu ! Si, le résultat de deux enquêtes réalisées en 1998 et 2000 (celle-ci a été financée par l?OMS) ont pu dévoiler quelques chiffres, mais toujours est-il qu'ils ne sont pas fiables. Pourquoi ? L?enquête de l?année 2000, bien qu?elle ait permis de donner des chiffres, a été réalisée au niveau de trois communes : Bouzaréah, Djelfa et Ghardaïa afin de déterminer les circonstances de ces accidents ainsi que les facteurs de risques. Mais la prévalence de ces accidents n?a pas pu être déterminée. Les résultats sont forcément au niveau local seulement ! Pour ma part, cette enquête, avec ses points positifs, reste locale et ne reflète pas la situation réelle à l?échelle nationale surtout s?agissant des brûlures cutanées et caustiques qui ont été placées en deuxième position. Parlez-nous du groupe de travail qui a été constitué en 1999 ? A partir de l?enquête citée, un groupe de travail, constitué de médecins, de responsables de l?éducation, des associations des parents d?élèves, de la Protection civile et même de commerçants, s?est réuni au ministère de la Santé, en collaboration avec la direction de la prévention du ministère de la Santé et l?Institut national de santé publique (Insp), pour établir un programme de prévention et d?action locale sur la commune de Boumerdès qui a été choisie comme site pilote. L?action devait être généralisée au territoire national. Et qu?en est-il de ce groupe de travail actuellement ? Une cellule locale multidisciplinaire a été constituée dans cette commune pour l'activer et l'évaluer. Mais le séisme de 2003 a stoppé et interrompu notre programme de prévention, sinistré à ce jour. Aviez-vous des moyens ? La volonté des membres du groupe à bout de souffle a pu aider à l?organisation de quelques activités de sensibilisation des enseignants et des médecins de la santé scolaire par la formation, et ce, malgré le séisme. Nous sommes soulagés de constater que cela a donné des résultats satisfaisants. Pour preuve : les accidents domestiques ont été introduits dans le programme scolaire. Vous insistez sur les brûlures cutanées et caustiques, pourquoi ? La brûlure coûte trop cher à la santé publique. Et même quand on sauve des vies, on laisse des monstres ! Heureusement que la chirurgie existe dans notre centre des brûlés. Les femmes utilisent actuellement la tabouna, ce fourneau de cuisson rapide placé à même le sol. Mais elles ne se rendent pas compte de la gravité du risque. L?enfant peut tomber dessus, toucher la poêle à frire ou le bouillon. Nous voulions installer un système de surveillance des brûlures aussi bien cutanées que caustiques qui sont très fréquentes selon mon expérience. (*) Chirurgien au Centre des brûlés d?Alger