Vous pourrez en voir de toutes les tailles : des blocs de 1,8 à 2,4m de diamètre jusqu'à des pierres qu'un homme pourrait soulever. On en trouve, de plus, à tous les stades de leur progression, certaines à 90 m ou plus de la rive et d'autres apparemment au début de leur progression, d'autres à mi-chemin et d'autres encore... perchées au sec. Dans tous les cas, elles ont creusé derrière elles un sillon plus ou moins important. Lord Dunraven remarqua aussi un énorme spécimen à quelque distance du bord de l'eau. Il était précédé d'un amalgame de pierres et de terre de 1 m de haut. Il avait creusé derrière lui, d'une largeur exactement égale à la sienne, un sillon qui courait jusqu'au rivage avant de se perdre dans l'eau. A la fin de l'année 1879, une lettre publiée dans le Scientific American expliquait ce phénomène tout à fait étrange et ressemblant étonnamment à celui des playas. L'auteur, qui signait J. W. A., prétendait avoir observé des phénomènes identiques dans d'autres lacs canadiens. Selon son explication, l'effet est beaucoup plus spectaculaire dans des lacs peu profonds, en partie entourés de rives abruptes ou de collines. La glace, en se formant, s'étend et exerce une poussée dans toutes les directions. Les collines forment d'un côté un obstacle inébranlable, ce qui a pour effet de doubler la poussée sur le rivage ouvert. En eau plus profonde, la glace se répand jusqu'au fond du lac et y emprisonne les roches. Quand son volume augmente, elle emporte avec elle les rochers et tout autre débris ; elle les dépose plus loin quand cesse sa dilatation et à la fonte des neiges. Chaque hiver, la glace se dilate et fond : les mouvements cumulés seraient ainsi assez importants pour pousser les rochers sur la terre ferme. En 1884, dans le Scientific American, le professeur Charles A. White proposa une explication au mystère des «lacs emmurés» de l'Iowa c'est ainsi qu'on les appelle. On pensait, à l'origine, qu'ils étaient l'?uvre d'une race aujourd'hui disparue. Ce sont, selon le professeur, les poussées glaciaires successives qui ont déposé des blocs compacts de terre, de gravier et de galets tout autour des lacs peu profonds. On peut donc donner une explication à ces mouvements. Mais l'aspect surréaliste de ces playas, ces rochers et les sillons qu'ils ont creusés derrière eux nous font, encore une fois, prendre conscience de tous les mystères et de toutes les merveilles de la nature.