Fonction La librairie est une société commerciale, mais en même temps elle a une fonction culturelle. Le libraire est le médiateur entre l?auteur et le lecteur. Infosoir : Dans quel contexte l?Association des libraires algériens a-t-elle été créée ? Fatiha Soual : L?association a été créée en 2001. Il y a eu une occasion qui rassemblait une vingtaine de librairies lors d?une formation de libraires qui s?est déroulée à Paris. A ce moment, les libraires, réunis pour une certaine durée ensemble, avaient décidé, en rentrant à Alger, de lancer les bases de cette association afin de régler les problèmes que connaît la librairie algérienne. Il y a eu donc un travail de concertation qui a abouti à la naissance de l?association. Comment s?est faite la prise de conscience ? Chacun vivait ses problèmes de son côté, et à force de se voir, on s?est dit qu?il fallait régler les problèmes. Je crois aussi que nos différentes participations aux salons du livre à l?étranger nous ont ouvert les yeux. Car l?existence d?une organisation syndicale constitue un moyen efficace d?arriver à créer une force de proposition. Quels sont les objectifs de l?association ? Le principal objectif est de développer la librairie, d?en faire une vraie librairie au sens propre du terme. Ensuite, développer le réseau libraire et faire en sorte qu?à l?intérieur de la librairie elle-même, on ait de vrais libraires. D?où l?objectif de la formation. Et l?association sert aussi à régler les problèmes de la présence du livre avec les éditeurs et avec les importateurs. Il y a aussi cette volonté de créer un réseau de solidarité entre les libraires, de se rencontrer et de soulever nos problèmes, et ce, pour pouvoir, ensuite, constituer une force de proposition auprès des éditeurs, des fournisseurs potentiels et des pouvoirs publics, et parvenir ainsi à développer la librairie, à la moderniser, à la changer. Parlez-nous des problèmes que rencontre la librairie algérienne. Il y a aussi le prix du livre. Le livre coûte cher, et le lectorat existant n?arrive pas à accéder au livre importé. Nous avons des droits de douanes qui sont exorbitants. Nous n?arrivons pas à comprendre pourquoi les pouvoirs publics, en dépit de nos réclamations, sont convaincus qu?augmenter les droits de douanes sur les livres importés protège la production nationale, ce qui est complètement aberrant. Il faut savoir que limiter la fréquentation des librairies limite aussi le lectorat sur la production algérienne. Si on ne développe pas la disponibilité, la diversification dans les librairies, il ne faut pas espérer un grand avenir pour la production algérienne. Je crois qu?il faut travailler sur la diversité, et la diversité c?est aussi l?importation. Car la production est très faible, elle ne répond pas à toutes les demandes. On est dépendant de ce qui se fait à l?étranger. Le livre c?est la porte ouverte sur l?universalité, pareil pour le libraire. Et l?Etat doit comprendre que les droits de douanes sont en train de tuer le lectorat algérien. Quelles sont vos ambitions ? Nous voulons agir sur la demande. Nous ne voulons plus que la librairie serve de déversoir. Nous la voulons active, c?est-à-dire qu?elle agisse sur le marché, qu?elle réponde à la demande du lectorat. (*) Fatiha Soual (librairie Ibn-Khaldoun, rue Didouche-Mourad), présidente de l?Association des librairies algériennes.