Mentalité n A travers tout le pays, les comportements à risque, facteurs de contamination de masse, sont les vecteurs les plus importants du virus du sida. Alger. Lyna, 8 ans, souffrant d'une maladie congénitale du sang, vient de contracter le virus du sida à la suite d'une transfusion de sang infecté, un accident qui ne peut survenir, selon les médecins, que dans un cas sur 2 millions. Depuis, ses parents, qui la savent condamnée, mais ne veulent pas la voir rater son enfance, doivent la surveiller très attentivement quand elle joue avec ses amies ou tout simplement dans ses faits et gestes au quotidien. Annaba. Soraya, 35 ans, mère d'un enfant et enceinte, vient de découvrir qu'elle est atteinte du sida à la suite d'un premier mariage avec un émigré décédé en France il y a quatre ans. Elle n'ose pas en parler à son mari qu'elle a certainement contaminé de peur qu'il ne la quitte. Oran. Mahdi, 25 ans, étudiant en médecine, est devenu séropositif après un rapport sexuel non protégé avec une ancienne amie qu'il croyait pourtant bien connaître. Tamanrasset. Saïd, 62 ans, chauffeur routier dans le grand Sud, s'est permis une seule fois un «dérapage» avec une femme vivant de ses charmes dans cette ville cosmopolite. Ce père de famille, très fidèle jusque-là, vit dans un terrible dilemme, n'osant se faire dépister et craignant en même temps de contaminer son épouse et son entourage. Combien sont-elles ces personnes porteuses du virus et qui l'ignorent, contaminant des centaines d'autres autour d'elles, jusqu'à ce qu'elles contractent la maladie et, épuisées, arrivées au stade terminal, finissent par se faire hospitaliser quand il est déjà trop tard ? A travers tout le pays, les comportements à risque, facteurs de contamination de masse, sont les vecteurs les plus importants du virus du sida, des attitudes «anodines», mais pourtant? Les lames de rasoir et la boule de «cheb» (d?alun) qui passent de l'un à l'autre chez le coiffeur, les instruments du dentiste s'ils ne sont pas stérilisés après chaque usage, l'allaitement d'un bébé par une voisine ou une amie sont autant de comportements à risque. «Nous n'avons pas peur des cas avérés, ceux-là sont identifiés et pris en charge la plupart du temps. Nous craignons ces gestes de tous les jours qui font passer le virus d'une personne à une autre indéfiniment», disent les médecins spécialistes dans la lutte contre le sida. C'est la raison pour laquelle la prévention est la seule arme efficace pour lutter contre ce fléau qui menace toute la population sans exception.