Violence n L'Egypte a bouclé, hier, dans de sanglantes violences, le marathon des législatives. Huit personnes ont trouvé la mort dans des affrontements entre policiers et islamistes. «La police nous attaque encore, ils ne veulent pas que nous votions, comme la semaine dernière», déclare Abdelsattar al-Mallah, le visage en sang, après une charge policière. Entre-temps, des dizaines d'électeurs pro-islamistes lapident une cinquantaine de policiers qui leur répliquaient par des volées de grenades lacrymogènes à al-Aziza, dans le Delta. Ici en Egypte, c?est la guérilla. Dix personnes sont mortes depuis le début des élections le 9 novembre. Après l'annonce de deux morts, à Damiette, au nord du Delta, la liste n'a cessé de s'allonger dans des localités du nord de l'Egypte, où l'influence islamiste est forte. Plusieurs centaines de personnes ont aussi été blessées, certaines par balle. Le ministère de l'Intérieur a confirmé un mort à Damiette, l'attribuant à une fusillade entre partisans de candidats rivaux, alors que les Frères musulmans et l'Organisation égyptienne des droits de l'Homme (OEDH) en faisaient porter la responsabilité à la police. Cinq autres Egyptiens ont aussi trouvé la mort ? quatre par balle et un par arrêt cardiaque après inhalation de gaz lacrymogènes ? dans des heurts mettant aux prises électeurs frustrés, souvent islamistes, avec les forces de l'ordre. Dès le début de ce scrutin, les forces de police avaient entravé l'accès aux bureaux de vote dans le Delta du Nil (nord) ou encore el-Arich, dans le Sinaï. L?OEDH a affirmé que 355 centres électoraux ont été fermés par la police dans cinq des neuf gouvernorats. Ayant déjà remporté 88 sièges, les Frères musulmans, avec pour slogan de campagne : «L'Islam est la solution», visaient le seuil symbolique des 100 députés. Le PND, le parti du président Hosni Moubarak, a déjà remporté 223 sièges et compte en gagner 84 autres, pour avoir les 2/3 nécessaires pour verrouiller l'Assemblée. Sur les 454 sièges de l'Assemblée, 444 sont soumis au vote des 36 millions d'électeurs, 10 autres étant attribués par le président Moubarak. Le courant non islamiste sort laminé de ces législatives, avec seulement 11 élus, victime de sa division alors qu'il avait formé en octobre un «front uni» avec les libéraux du néo-Wafd, marxistes du Tagammou ou Nassériens. Quatre femmes ont été élues, soit moins de 0,1% des sièges attribués, et 1 seul Copte (0,2%) alors que la minorité chrétienne représente, en estimation moyenne, environ 8% des 72 millions d'Egyptiens.