Grâce à une organisation qui a révélé un haut degré de sophistication, les insurgés ont mené 60 attaques dès les premières heures du matin jusque tard le soir sur l'ensemble du territoire irakien. Al Qaîda en Irak, accusé d'avoir commis la vague d'attentats la plus meurtrière depuis le début 2010 pour venger la mort de ses chefs, a prouvé qu'il était capable de mener des attentats sophistiqués et de déjouer une sécurité mise en cause pour ses «négligences». Selon un dernier bilan fourni hier par les hôpitaux et les forces de sécurité, au moins 110 personnes ont été tuées et plus de 500 blessées dans les violences de la veille. Grâce à une organisation qui a révélé un haut degré de sophistication, les insurgés ont mené 60 attaques des premières heures du matin jusque tard le soir sur l'ensemble du territoire irakien, selon une source au ministère de l'Intérieur. L'Irak n'avait pas connu d'attaques de cette ampleur depuis 2007 quand il était plongé dans les pires violences confessionnelles. Un large arsenal a été utilisé pour faire un maximum de victimes: à Baghdad, où les importantes mesures de sécurité rendent difficiles les gros attentats, les insurgés se sont déguisés en agents municipaux de la voirie, attaquant à onze reprises des barrages militaires avec des armes munies de silencieux. Dans d'autres villes, moins sécurisées, ils ont adopté la technique classique du double voire du triple ou même quadruple attentat à la voiture piégée et à la bombe. La ville de Hilla, à 95 km au sud de Baghdad, a été le théâtre d'un véritable carnage. Deux voitures piégées conduites par des kamikazes ont explosé alors que les employés gagnaient les bus pour rentrer chez eux. Une troisième voiture a explosé cinq minutes plus tard, puis une quatrième à l'arrivée des policiers et des ambulanciers, selon la police. Bilan: 53 morts et 157 blessés. Les attentats n'ont pas été revendiqués mais Baghdad a accusé Al Qaîda. «Ces attentats portent la marque d'Al Qaîda et en visant plusieurs régions comme Bassora, Wassit, ou Hilla, ils ont voulu faire passer le message qu'ils peuvent frapper au même moment dans différents endroits», a affirmé le porte-parole du ministère de la Défense, Mohammed al-Askari. Les attaques «sont le résultat des coups portés à Al Qaîda avec la mort et l'arrestation de ses chefs», a-t-il souligné. Le 18 avril, les deux principaux chefs du réseau Abou Omar al-Baghdadi et Abou Ayyoub al-Masri ont été tués lors d'une opération des forces irakiennes et américaines. Cependant, les autorités irakiennes et américaines avaient dit que malgré les coups portés à Al Qaîda, il ne fallait pas baisser la garde. Comme c'est le cas après chaque vague de violences sanglantes, les autorités irakiennes ont mis en cause la négligence des forces de sécurité malgré les centaines de barrages quadrillant le pays. «Ce qui s'est passé est la conséquence de négligences en matière de sécurité dues à la faiblesse des mesures de contrôle aux barrages à Baghdad et dans le reste de l'Irak», a affirmé le vice-ministre de l'Intérieur en charge des organes de renseignements, Hussein Kamel, dans des déclarations publiées hier. «Les chefs des services de sécurité devront rendre des comptes», a-t-il dit. Les violences ont en encore une fois révélé les manquements dans le système d'alerte et de renseignements essentiels pour éviter de telles attaques. Selon une source de sécurité, des informations avaient ainsi été diffusées il y a deux semaines pour prévenir de l'imminence «d'actions terroristes» dans les provinces chiites du sud. Mais il apparaît qu'aucune précaution supplémentaire n'a été prise. Et encore hier, huit personnes ont été blessées à Fallouja, un ex-bastion d'Al Qaîda à l'ouest de Baghdad, dans l'explosion d'une voiture piégée contre un barrage de la police.