Résumé de la 1re partie n Les eaux de Hammam Meskhoutine, déjà utilisées par les Romains, sont particulièrement indiquées de nos jours, à cause de leur teneur en radioactivité pour les affections rhumatismales. Il y a très longtemps, raconte-t-on, vivaient dans la région de Hammam Meskhoutine, un frère et une s?ur auxquels la tradition donne le nom de Tahar et Ouarda. Tahar avait deux ans de plus que sa s?ur : tous les deux étaient beaux et faisaient la fierté de leurs parents. «Tahar est le soleil, disait leur mère, et Ouarda la lune !» Les deux enfants s?aimaient et ne se séparaient jamais. Ils sortaient et rentraient ensemble, et Tahar, plutôt que de jouer avec les autres garçons de son âge, préférait partager les jeux de sa s?ur. ? Va jouer avec les autres garçons ! lui disait parfois son père, irrité de le voir tout le temps avec sa s?ur. L?enfant fait semblant d?obéir, mais dès que son père a le dos tourné, il revient auprès de sa s?ur. Cet amour fraternel touche les gens. C'est un plaisir de voir le garçon s?occuper de sa s?ur, être à l?écoute de ses désirs et de tout faire pour lui être agréable. Mais au fur et à mesure que le temps passe et que les deux enfants grandissent, cet attachement prend des allures étranges? Tahar a maintenant quinze ans. C?est un garçon très grand et très fort pour son âge ; on lui donnerait facilement vingt ans. Il terrasse tous les garçons auxquels il se mesure. A la lutte, il est la premier et c?est un chasseur redoutable. Son père, qui a pris de l?âge, est très fier de lui et il se dit que bientôt il lui confiera toutes les tâches de la maison. Ouarda, elle, est ravissante : à treize ans, c?est déjà une petite femme et les jeunes hommes du village commencent à la regarder avec intérêt, mais personne n?ose la courtiser ouvertement parce qu?on a peur de son frère. Ce frère, justement, l?aime toujours et même plus fort qu?avant. Il ne joue plus avec elle, pour lui faire plaisir, mais il l?emmène sur son cheval et, ensemble, ils font de longues promenades dans les bois. Les parents sont toujours émus quand ils les voient ensemble. ? Ce sont les enfants les plus beaux du pays ! Et combien ils sont restés attachés l?un à l?autre ! ? On n?a jamais vu d?amour fraternel plus grand dans la région ! La mère soupire. ? Hélas, il va leur falloir se séparer bientôt ! ? Et pourquoi donc ? demande le père ? Parce qu?ils vont se marier ? ? C?est vrai, dit le père, qui soupire à son tour. Puis il ajoute : ? Ils se marieront, mais rien ne les empêchera de continuer à s?aimer comme par le passé? Cette belle amitié fraternelle, rien ne saura la briser. Tahar et Ouarda s?aiment, en effet, mais pas de la façon dont les deux malheureux parents le pensaient : ils s?aiment d?amour? Une abomination, un péché atroce pour un frère et une s?ur, issus du même ventre ! (à suivre...)