Déception n Coup de théâtre hier sur les ondes de la Chaîne III lorsque plusieurs joueurs du Mouloudia d?Alger, accompagnés de leur entraîneur Robert Nouzaret, invités à l?émission «Fous du foot», ont dénoncé leurs dirigeants et exigé le départ du président Messaoudi. Fait peut-être unique dans les annales et dans la longue et tumultueuse histoire du Mouloudia d?Alger : pour la première fois, des joueurs montent au créneau pour dénoncer le comportement de leurs dirigeants, les accusant de tous les maux et exigeant même leur renvoi. Manipulation ou pas, la révolte des joueurs du MCA a eu lieu en direct, hier, sur les ondes de la Chaîne III, lorsqu?un groupe, composé du gardien Abdouni, de Badache, Hadjadj, Belaïd, Bouzid, Coulibaly et d?autres qui sont restés derrière la vitre du studio, est monté au créneau à la suite d?une réunion avec leur premier responsable qui a vite tourné au vinaigre. Il faut dire que notre confrère Maâmar Djebour, l?animateur de l?émission, n?a pas fait dans la dentelle en invitant carrément les «révoltés» et leur entraîneur par qui le déballage médiatique est arrivé. Tout a débuté en début d?après-midi lorsque le président décrié Mohamed Messaoudi a réuni ses joueurs pour débattre, avec eux, des raisons de leur série de quatre défaites consécutives. Les échanges entre les deux parties ont vite débordé sur l?aspect financier qui, selon les joueurs, est la raison de tous les maux non pas parce que ces derniers n?ont pas reçu leur dû ? ce qui est courant et banal chez la majorité de nos clubs ? mais parce que les dirigeants n?ont jamais tenu leurs engagements. Pis encore, Messaoudi suscite l?indignation des joueurs en leur promettant ? pour la énième fois ? qu?ils ne toucheront leur argent qu?après le match contre le représentant égyptien d?ENPPI. «Sort tout nu, le bon Dieu te vêtira», dit un proverbe bien de chez nous, et c?est ce que reprochent les joueurs du MCA à leurs dirigeants passés maîtres dans l?usage du mensonge, des fausses promesses et des faux-fuyants, au point de perdre toute crédibilité. Et quand on perd sa crédibilité, on perd son autorité et par conséquent on ne peut rien gérer. C?est ce qui arrive au Mouloudia d?Alger, ce grand club tombé si bas à cause de l?attitude d?une équipe dirigeante dépassée par les événements dont l?incompétence et les bévues peuvent remplir aisément les pages de tout un journal. Le ton monte entre les joueurs et leur président au moment où ce dernier passe à la moulinette l?entraîneur Nouzaret qui, il y a quelque temps seulement, était une éminence et avait la confiance de tous, avant de passer pour un incompétent et l?instigateur de la protesta. Là, les joueurs arrêtent leur président en l?invitant à affronter Nouzaret au lieu de le fuir depuis plusieurs semaines et que de surcroît le problème n?était pas du tout technique. Messaoudi pique alors une colère noire et demande à la secrétaire du club de lui ramener le contrat de Abdouni, le représentant des joueurs, pour le déchirer. A ce moment précis, les joueurs se lèvent comme un seul homme et quittent la salle de réunion. Ils rejoignent, quelques instants après, leur entraîneur avant de rallier les studios de la Chaîne III pour passer à l?acte et dénoncer ouvertement ce qu?ont fait, avant eux, les supporters, les anciens joueurs et celle qu?on définit communément d?opposition. En fait, pour les dirigeants du Mouloudia, tous ceux qui ne partagent pas leur avis et leur vision des choses, tous ceux qui dénoncent leur manière de gérer et leurs insuffisances font partie de l?opposition. Aujourd?hui, ce sont les joueurs, dernier maillon de la chaîne, qui passent à l?opposition pour exiger le départ pur et simple de Messaoudi et de son équipe. Rien de plus.