Pour le président de la section football, l'entraîneur français est allé trop loin. La coupe devait être trop pleine, pour ne pas déborder dans la maison du doyen avec «le méli-mélo» qui y régnait et les «déchirements» des uns et des autres joueurs, staff technique et dirigeants. Le passage du coach Nouzaret et le groupe de joueurs rebelles, à la radio, fut la goutte qui fit donc déborder le vase, et incita le président Messaoudi à sortir de son mutisme et de «laver le linge sale » à travers une conférence de presse tenue, jeudi dernier, à la villa de Chéraga, siège du Mouloudia. D'emblée, le boss du MCA annonce officiellement «la fin de fonctions de Robert Nouzaret et son équipe » en raison, dira M.Messaoudi, «du dépassement de ses prérogatives, dislocation du groupe, incitation à la haine entre joueurs et entre joueurs et dirigeants, insultes et invectives en direction de son employeur en vue de ternir l'image du club, en utilisant de surcroît la radio nationale (Ndlr, Chaîne III) et la tenue de propos graves et a dégradants envers les instances du football algérien, lorsqu'il avait déclaré que les responsables de la LNF sont des nullards». Pourtant, se défendra le numéro un du Mouloudia, «tous les moyens humains et matériels qu'il avait demandés ont été mis à sa disposition et en retour, non seulement le Mouloudia aligne cinq défaites consécutives et devra jouer pour se sauver de la relégation et il crée une ambiance malsaine au sein d'une équipe qu'il a complètement disloquée et qui ne parle que d'argent». Sur le plan technique, le docteur Messaoudi, qui réfute cette déclaration de l'ex-coach qui disait que «le président vivait loin de son équipe», dira au contraire que «l'on se voyait chaque semaine pour lui demander des comptes sur le travail accompli et de le mettre en garde sur ses dépassements dangereux qui nuisent au club, tels les menaces envers l'OCO, les changements inexpliqués lors de matches importants alors que la victoire était à portée du MCA, la mise au repos de titulaires dans des matches décisifs, la mise à l'écart de joueurs valables, tels Bellahouel ou Braham Chaouche, ou même Badji, qu'il a fait entrer contre l'Ennpi à contrecoeur». Pour Messaoudi, «Nouzaret n'a pas apprécié que l'on demande de ne pas laisser l'équipe seule lors de ses absences, et qu'il n'est plus question qu'il s'absente en compagnie de son adjoint». Plus grave encore, il révélera que «l'ex-coach disait constamment des obscénités en direction des joueurs, comme ce fut le cas après le match contre le CAB». Selon le président du MCA, «les joueurs entrés en rébellion sont les mieux payés du club», et de citer «Abdouni, le meneur qui a encaissé 250 millions, Bouzid 350 millions, Zmit 500 millions, Badache 250 millions», et de constater que «ce sont les nouveaux joueurs recrutés qui ont semé la zizanie au sein de l'équipe et qui sont manipulés par les meneurs du club, ceux-là mêmes qui ont perdu les avantages et les privilèges au Mouloudia». A propos de changement à la tête du club, le docteur persiste et signe: «Nous resterons aux commandes, et nous nous apprêtons à restructurer et à étoffer la section football par des gens de bonne foi qui apporteront véritablement un plus, sans contrepartie et au profit exclusif du Mouloudia.» Quant au staff technique, le premier dirigeant du doyen annonce que «la décision sur le choix du futur coach sera prise par le comité directeur, et quatre entraîneurs sont en lice, un Français, un de l'ex-Yougoslavie et deux nationaux». Quant à l'avenir des joueurs incriminés «dans cette tentative de coup d'Etat avorté», il révélera qu'«ils seront entendus aujourd'hui et des sanctions seront prises à leur encontre». Mais, précise-t-il, «ils ne seront pas exclus du club». Signalons dans la foulée que, selon des sources bien informées sur la vie du doyen, «des voix officielles se sont élevées pour demander au président de l'ASP/MCA, M.Djouad, de reprendre en main les destinées de la section football, mais que ce dernier a pour l'instant refusé». Interviewé hier matin sur les ondes de la Chaîne III, Robert Nouzaret, qui doit quitter Alger ce matin, a fait savoir qu'il «ne regrettait rien». «Tout ce que j'ai fait l'a été dans l'intérêt du Mouloudia, a-t-il indiqué. Je connais parfaitement les clauses de mon contrat et je savais que j'encourais le limogeage. C'est, donc, que j'étais animé de bonnes intentions pour servir le MCA». Nouzaret qui a insisté sur «l'état d'abandon par les dirigeants dont souffrait l'équipe» a tenu à «souhaiter bonne chance à celle-ci».