Conséquences n De nombreux pays européens subissent, depuis dimanche soir, les effets de l'arrêt, par la Russie, des livraisons de gaz à l'Ukraine. Premières victimes indirectes du bras de fer entre Moscou et Kiev, les pays de l'est de l'Europe qui ont enregistré, lundi, une diminution allant jusqu'à 50% des livraisons de gaz russe, sans conséquence à ce stade pour les consommateurs. Cette «guerre du gaz», entre la Russie et l'Ukraine, fait la une ce mardi de la plupart des journaux en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne, qui estiment, dans leur ensemble, que l'Europe doit parvenir à son autonomie énergétique et à se dégager de l'emprise de Moscou pour son approvisionnement en gaz. Le gaz est «l'arme politique» de Moscou dans le cadre de «la nouvelle guerre froide», affirme le quotidien britannique The Times. «Mais la décision de la Russie pourrait s'avérer, à long terme, aussi catastrophique pour le Kremlin que le boycott du pétrole en 1973 l'avait été pour les Arabes», estime le quotidien de centre-droit dans son éditorial. Pour le Times, «la leçon est claire pour l'Europe» : «Ses ressources en énergie ne doivent jamais dépendre de la Russie.» De son côté, le Daily Telegraph a estimé que l'attitude du Kremlin n'est rien d'autre qu'«une revanche économique contre une ancienne République soviétique qui a osé déclarer son indépendance diplomatique de la Russie et regarder vers l'Europe de l'Ouest». En France, le journal communiste L'Humanité juge que «la brutalité du coup de force est réellement inquiétante. Il ressemble au premier acte d'une guerre ouverte de l'énergie». «Il est le fait d'un pays qui prend au même moment la présidence du G8, le groupe des ?maîtres du monde?», souligne L'Humanité. De son côté, l'Ukraine, privée de gaz par la Russie, cherche à obtenir le soutien de l'Union européenne face à Moscou. Le président Viktor Iouchtchenko, un pro-occidental arrivé au pouvoir à l'issue de la «Révolution orange» il y a un an avec le soutien de l'UE, a reçu, lundi, les ambassadeurs de pays de l'Union européenne. Lors de la réunion, M. Iouchtchenko a répété son intention d'impliquer dans le règlement de la crise «des experts et un arbitrage internationaux». Par ailleurs, le ministre russe de la Défense, Sergueï Ivanov, a déclaré, lundi, que la location payé par la Russie pour le stationnement de sa flotte de guerre sur les côtes ukrainiennes de la mer Noire n'est pas sujet à révision. «Je voudrais faire remarquer que l'accord de 1997 stipule clairement que la fédération de Russie verse une somme fixe d'au moins 98 millions de dollars pour la seule location du terrain et des immeubles», a déclaré M. Ivanov. «Mais cet accord précise que ce paiement est annuel et non sujet à révision», a ajouté le ministre. L'Ukraine a menacé le 9 décembre d'augmenter très fortement le loyer acquitté par la Russie pour le stationnement de ses navires de guerre dans le port ukrainien de Sébastopol, en Crimée, en représailles aux exigences de Moscou de quadrupler les prix du gaz livré à Kiev à partir de janvier 2006, suivies dimanche de la coupure des livraisons de gaz à l'Ukraine.