Les livraisons de gaz russe via l'Ukraine ont chuté de manière drastique d'environ 10% des volumes prévus. L'Europe centrale est frappée de plein fouet par le bras de fer russo-ukrainien, engagé sur les prix du gaz. Les livraisons de gaz russe via l'Ukraine ont chuté de manière drastique à environ 10% des volumes prévus. Les pays principalement concernés sont l'Autriche, qui dispose de l'une des trois plus importantes plateformes gazières d'Europe continentale, la Bulgarie, la Hongrie, la République tchèque, la Roumanie, la Croatie, la Macédoine, ainsi que la Grèce et la Turquie. L'Allemagne et la Pologne sont également touchées, mais dans une moindre mesure. Pour le porte-parole de la société ukrainienne Naftogaz, Valentin Zemlianski, les livraisons russes continuent de baisser. Elles sont tombées, hier matin, à 73,8 millions de m3 par jour contre 92 millions quelques heures plus tôt et 315 millions de m3 lundi dernier dans la matinée. De son côté, le vice-président du géant gazier russe Gazprom, Alexandre Medvedev, a accusé l'Ukraine d'avoir fermé trois des quatre gazoducs d'exportation traversant son territoire, perturbant gravement l'approvisionnement en gaz de l'Europe. Ce que Kiev a, en revanche, démenti. Pour rappel, la Russie a coupé le 1er janvier l'approvisionnement en gaz de l'Ukraine, faute d'un accord sur le prix pour 2009 et sur des arriérés de paiement. Or, Moscou fournit aux Européens 40% de leurs importations gazières, qui transitent à 80% par l'Ukraine. Moscou et Kiev se rejettent ainsi mutuellement la responsabilité du conflit. La Russie accuse l'Ukraine de “voler”, une partie du gaz russe transitant sur son territoire vers le reste de l'Europe. L'Ukraine, pour sa part, reproche à la Russie de ne pas fournir le gaz nécessaire aux clients européens. Une telle situation est qualifiée de “complètement inacceptable” par l'Union européenne (UE). Ce qui a poussé la présidence tchèque de l'UE, par la voix du Premier ministre Mirek Topolanek, à envisager la proposition d'un sommet tripartite avec la Russie et l'Ukraine si la crise n'est pas résolue. Moscou fournit aux Européens 40% de leurs importations gazières, qui transitent à 80% par l'Ukraine Certains pays ont vu leur approvisionnement réduit à néant. C'est le cas de la Grèce, la Turquie et la Macédoine desservies à partir de la Bulgarie, elle-même privée de gaz depuis hier matin, selon le ministère bulgare de l'Economie et de l'Energie. La Croatie a également constaté un arrêt des livraisons de gaz, tandis que l'Autriche enregistrait une forte baisse de 90%, de même que la Roumanie avec une chute de plus des deux tiers, la Pologne de 11%. La République tchèque, quant à elle, s'attend à une chute de 75%. La Hongrie a également été affectée par ces perturbations. Hier, en fin de matinée, l'Allemagne, selon l'importateur allemand Wingas, enregistrait à son tour une première baisse de l'approvisionnement en gaz russe. Les effets de la coupure ne se faisaient, cependant, pas sentir jusqu'en France où le P-DG de GDF Suez, Gérard Mestrallet, ne constatait “aucun impact sur les approvisionnements”. Face à la pénurie, les pays concernés ont, eux, commencé à puiser dans leurs réserves, qui sont considérables. Ainsi, l'Autriche, qui consomme 8 milliards de m3 de gaz par an, dispose de 1,7 milliard de m3 de réserves. Dès lundi, les pays européens s'activaient de ce fait à trouver une solution. Les livraisons doivent reprendre “immédiatement”, ont exigé la présidence semestrielle tchèque de l'UE et la Commission européenne dans un communiqué. Pour cela, un représentant de la présidence tchèque de l'Union européenne devait rencontrer, hier, à Berlin, le vice-président du géant gazier russe Gazprom, Alexandre Medvedev, pour discuter du conflit gazier qui oppose Kiev et Moscou. Auparavant, M. Medvedev devait s'entretenir avec le ministre allemand de l'Economie, Michael Glos, a annoncé le ministère. Il faut dire que ce différend russo-ukrainien s'est, d'ores et déjà, déclenché en 2006 où il a fortement perturbé l'approvisionnement en gaz de plusieurs pays d'Europe. Autre conséquence de ce conflit, la réaction immédiate du marché pétrolier. Les cours du pétrole ont, en effet, franchi de nouveau, hier matin, la barre des 50 dollars, bondissant jusqu'à 51,80 dollars à Londres. Les prix ont été dopés par les tensions géopolitiques au Proche-Orient, mais aussi par la réduction des livraisons de gaz à l'Europe sur fond de dispute russo-ukrainienne et un pic de consommation dû au froid. Vers 11h50 GMT, le pétrole s'est envolé jusqu'à 51,86 dollars. Ce niveau n'a pas été atteint depuis le 1er décembre dernier. Le différend gazier opposant l'Ukraine et la Russie, suivi avec inquiétude par les opérateurs pétroliers depuis le début de l'année, s'est tellement envenimé au point où il a fait repasser au baril la barre des 50 dollars. Le pétrole dépasse 50 dollars, dopé notamment par le différend gazier Par ailleurs, au Proche-Orient, les combats entre les troupes israéliennes et le Hamas s'étendaient hier aux zones urbaines surpeuplées de la bande de Gaza et Israël rejette toute trêve immédiate. “Le conflit à Gaza n'est pas une menace aux approvisionnements directs et immédiats de pétrole, mais comme le désastre humanitaire menace de s'aggraver, cela pourrait avoir un impact indirect sur l'offre de pétrole”, a commenté Olivier Jakob, du cabinet suisse, Petromatrix. Synthèse : Badreddine K.