Le gaz est l'arme politique de Moscou, affirment les médias occidentaux après la décision du Kremlin de fermer ses approvisionnements en gaz vers l'Ukraine. Beaucoup de journaux n'ont pas manqué de faire un parallèle avec la crise pétrolière de 1973 déclenchée par les producteurs d'or noir arabes ! Les Britanniques eux n'arrêtent pas de tartiner sur la dépendance de l'Europe du gaz russe. En coupant le gaz à l'Ukraine, Poutine ne prend pas qu'une revanche sur la révolution Orange qui s'est révélée tout aussi corrompue que le précédent système accusé de connivences avec Moscou. Le gazoduc, qui alimente l'Europe, passe par l'Ukraine dont le nouveau maître frappe aux portes de l'Union européenne et piaffe d'impatience pour rejoindre l'Otan. Pour les Occidentaux, l'embargo contre l'Ukraine est un chantage économique inacceptable au nom de l'économie de marché. C'est un abus de position dominante, accusent la plupart de leurs éditorialistes dont certains n'ont pas hésité à réveiller les démons de la guerre froide en assimilant les pipelines à des armes pour un Poutine aux prises avec des difficultés. Londres estime que l'Europe doit tirer leçons de son rapprochement avec Moscou dont Poutine a remis à l'honneur les pratiques de l'ex-Union soviétique ! Le Financial Times recommande à l'EU, aux Etats-Unis et au Japon d'avertir Poutine que s'il veut garder sa place parmi eux, il doit se comporter comme eux ! Soulignant également l'effrayante dépendance énergétique de l'Europe vis-à-vis du gaz russe, The Independent souligne que la Russie n'est peut-être plus un géant militaire, mais elle est devenue un super pouvoir en matière énergétique. Poutine sera cette année le président du G8. De nombreux pays européens subissent depuis le début de la semaine les effets de l'arrêt, par la Russie, des livraisons de gaz à l'Ukraine mais la compagnie russe Gazprom s'est engagée à tenir ses promesses de rouvrir le robinet pour ses clients européens, en commençant par la Hongrie où la pression revenait à la normale. Premières victimes indirectes du bras de fer entre Moscou et Kiev, les pays de l'est de l'Europe ont enregistré, lundi, une diminution allant jusqu'à 50% des livraisons de gaz russe, sans conséquence à ce stade pour les consommateurs. Gazprom a assuré que les clients européens du groupe russe touchés par la crise seraient réapprovisionnés en gaz à partir d'hier. Gazprom, numéro un mondial du gaz, extrait 550 milliards de m3 de gaz par an et en exporte près de 150 milliards vers 28 pays d'Europe et de l'ex-Union soviétique. Le géant gazier, dont l'Etat russe contrôle la majorité des parts depuis 2005, s'est taillé aussi un empire médiatique, comprenant notamment deux chaînes de télévision (NTV et TNT), plusieurs radios, dont une station au ton très indépendant (Echos de Moscou), le grand quotidien Izvestia et l'hebdomadaire d'information Itogui. D. Bouatta