Tension n Les Algérois vivent, ces derniers jours, la fièvre du mouton. Certains passent par tous les points de vente avant de l?acquérir. «C?est une question de temps. Je me suis habitué à faire des tournées, pour superviser la qualité et le prix avant d?opter pour un mouton», souligne Abdelkader, croisé à Châteauneuf, près du ministère des Moudjahidine, où un éleveur de Djelfa propose une vingtaine de moutons. Il est accompagné de son petit enfant Réda qui l?a «obligé», cette fois-ci à acquérir un «gros mouton». Et le prix ? Abdelkader estime qu?il est très abordable. «17 000 DA, alors que le même, l?année dernière, valait 22 000 DA.» Réda, satisfait, demande à son père de le prendre immédiatement à la maison. «Ce sera le mien et je veux qu?aucun de mes frères ne le touche?», dit-il. Ceux qui n?ont pas assez d?espace chez eux procèdent à la «réservation» auprès des vendeurs. «Sur les quarante-deux moutons que vous voyez là, une vingtaine ont déjà été vendus. J?ai reçu la moitié du prix comme garantie et le reste je le percevrai la veille de l?Aïd», explique Abdellah, un autre éleveur originaire de Médéa rencontré à Bab-Ezzouar, où un espace a été aménagé pour la vente. Il a presque les mêmes clients depuis plus de cinq ans. «Je suis persuadé d?écouler mes moutons quatre jours au moins avant le grand jour. Les gens d?ici me connaissent parfaitement et certains m?ont demandé de leur réserver des moutons il y a un mois déjà. D?ailleurs rares sont ceux qui me demandent un arrangement concernant le prix», ajoute Abdellah. Interrogés, certains éleveurs-vendeurs indiquent qu?ils n?ont pas grand-chose à gagner vu les frais d?élevage et du transport du cheptel de différentes régions vers Alger. «Je ne parle pas des conditions de notre séjour. Nous attendons de potentiels clients tout au long de la journée au milieu de la boue et sous la pluie, nous devons également être vigilants quant aux man?uvres des malfaiteurs? Et la nuit ? Nous dormons au milieu des moutons dans la camionnette?» affirment ces trois frères éleveurs venus de Tiaret, exposant environ une trentaine de béliers à Bachdjarrah. L?aîné ajoute, en toute sagesse : «El-fellah ?lli dir h?ssabou mouhal yezraâ» (le paysan qui fait ses calculs n?osera jamais semer). A chacun ses raisons et il reste à dire que le sacrifice, faut-il le préciser, n?est pas une obligation dans notre religion.