Consommation n Le narguilé, naguère objet de décoration, retrouve sa première vocation, à savoir un accessoire utilisé par toute la société notamment les jeunes Annabis, pour fumer du tabac. Appelé communément shisha ou houkah, cette pipe à eau qu'est le narguilé n'est plus l'apanage des vieux, comme le montrent des chaînes de télévision moyen-orientales d'où il est originaire, mais attire beaucoup plus de jeunes qui en font presque une mode. A Annaba, le phénomène de la shisha est réel et devient très apprécié même par la gent féminine. Sa commercialisation comme son utilisation se sont développées à un rythme inimaginable. Autrefois commercialisé par quelques boutiques d?articles traditionnels, le narguilé est aujourd?hui proposé par plusieurs commerçants, y compris les propriétaires de kiosques à tabac et journaux, ce qui a permis une baisse très sensible de ses prix. De gammes variées, le narguilé est cédé au client à partir de 1 200 DA. La qualité du vase, fait en verre ordinaire travaillé, en cristal ou en porcelaine, tout comme la cheminée finement ornée, ou encore le conduit qui peut être une sorte de tuyau standard comme de collection, est généralement une référence chez ces vendeurs amateurs qui aiment à vanter leurs produits, histoire de mieux écouler leur marchandise. Pour contenter leurs clients, les vendeurs allaient s'approvisionner en m'aâssel (tabac) et en charbon jusqu'en Tunisie et, par ricochet, s'adonner à leur hobby. Ce sont certainement les veillées du mois de ramadan qui auraient vu se multiplier l'utilisation de la shisha ; bon nombre de cafés et restaurants proposaient le narguilé. Ce créneau est devenu tellement porteur que des jeunes s'étaient improvisés «narguilistes» après le f'tour dans plusieurs points de la ville. La concurrence a atteint son paroxysme et est devenue très dure notamment sur les plages Fellah (ex-saint Cloud) et Rizi (ex-Chapuis). Si la shisha coûtait deux cents dinars chez les cafetiers, elle devait être cédée à cent dinars seulement par ces vendeurs occasionnels. Thé et shisha ont été le rituel de beaucoup de Annabis durant ces soirées ramadanesques. Autre caractéristique remarquée depuis quelque temps à Annaba, l'apparition de nouvelles habitudes chez ses fumeurs : prendre sa shisha devant sa boutique, sa maison. Le narguilé a été pendant longtemps un objet quelque peu exotique, évoquant fantasmes et autres histoires des mille et une nuits. Ses sites sur le net et ses clubs, ses défenseurs mais aussi ses détracteurs sont là pour le prouver.