Le chef de service peuno-allergologie et d'oncologie au CHU Hassan Issaâd, de Beni Messous, le Pr Douaghi, a indiqué, dans un communiqué de presse, que l'Algérie avait élaboré une série de lois anti-tabac, à la veille de la célébration de la journée mondiale, le 31 mai, et que l'Algérie est le pays qui s'est placé en tête des pays africains qui ont ratifié la convention-cadre de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de lutte contre le tabagisme, mais l'application de ces lois est une question culturelle qui s'inscrit dans la durée, a-t-il souligné. Selon la même source, les lois adoptées par l'Algérie visent l'incitation au sevrage tabagique d'une part, et la préservation des non fumeurs, d'autre part. ceci dit, le professeur a attesté que la sensibilisation au fléau du tabagisme n'est pas menée comme il se doit, que ce soit en milieu scolaire et institutionnel ou environnemental. Cependant, il a exhorté à la mise en place d'une stratégie nationale à court terme, accompagnée d'un plan de lutte contre le tabagisme tout au long de l'année, soutenu par des supports tels que la publicité, les dépliants et une éducation sanitaire sur les dangers du tabac. Cela dit, il y a lieu de rappeler que le tabagisme est responsable du cancer des poumons dans 90% des cas chez les hommes dans le monde, dont 10% des fumeurs passifs. Par ailleurs, le spécialiste a évoqué la commission nationale de lutte contre le tabagisme qui est, selon lui, un cadre sans contenant, car elle n'est pas encore dotée des moyens matériels qui lui permettent d'exercer ses missions et d'oeuvrer à la concrétisation des objectifs pour lesquels elle a été créée. Par contre, l'OMS a imputé l'échec de l'application des lois anti-tabac dans les pays du Tiers-monde au fait que les politiciens de ces pays n'étant pas convaincus de cette idée, n'ont pas mis en place une stratégie nationale de lutte contre ce fléau qui sévit dangereusement dans ces pays. Sur ce, le Pr Douaghi a estimé que les pays africains et la Chine, qui n'ont pas encore pris conscience de la nécessité de faire face à ce danger, doivent savoir que les coûts indirects et les dangers inhérents au tabagisme sont plus élevés que les impôts que génère le tabac. Plus important encore, l'OMS a choisi de célébrer cette année la journée mondiale en axant sur le tabagisme chez les femmes qui s'adonnent de plus en plus à ce fléau notamment dans les pays du Tiers-monde, mis à part les raisons hormonales, ce fléau produit un effet de bombe pour les femmes en âge de procréer s'il est associé aux contraceptifs. Pour sa part, le spécialiste des maladies respiratoires et pulmonaires, le Pr Salim Nafti, a mis en garde contre la propagation de la consommation de la chicha ces dernières années en Algérie, car il a relevé que les salons de thé à chicha, qui est une pratique étrangère à la société algérienne, ont fleuri dans les grandes villes et de plus en plus de jeunes s'y adonnent à domicile. Selon des spécialistes, fumer de la chicha est plus nocif que fumer la cigarette, précisant que la quantité de fumée prise avec une chicha est beaucoup plus importante qu'avec une cigarette. La fumée de chicha est composée de substances toxiques et cancérogènes comme le monoxyde de carbone (CO) et le goudron. Alors, si certains estiment que la consommation de la chicha est source de jouissance qui s'exprime dans une ambiance conviviale, les spécialistes de la santé affirment que l'usage du Narguilé est dangereux pour la santé des fumeurs. A titre d'information, le spécialiste des maladies pulmonaires a tenu à expliquer que la chicha, pour ceux qui l'ignorent, est une pipe orientale à long tuyau flexible dans laquelle la fumée passe par un vase rempli d'eau. Le tabac utilisé dans ces pipes à eau est composé de 28 % de nicotine et d'environ 70 % d'arômes de fruit rendant la fumée qui s'en dégage si suave. En plus, la fumée d'une chicha c'est autant de pollution au CO que 17 à 52 cigarettes et autant de goudron que 27 à 102 cigarettes. 8,5% des Algériens consomment la "Chemma" ou la "Neffa" En ce qui concerne d'autres sortes de tabac jugés comme étant moins nocives que la cigarette, bien que le risque de développement cancéreux au niveau de la bouche est quatre fois plus élevé chez les chiqueurs que les non chiqueurs, le Pr. Nafti a relevé que 8,5% des Algériens consommaient la " Chemma " ou la " Neffa ", qui est fabriquée de manière artisanale, et que 11% des consommateurs de la " Chemma " sont âgés entre 45 et 54 ans. Selon le Pr Nafti, de nombreux Algériens surtout les jeunes consomment ce tabac et particulièrement ceux qui le considèrent comme une solution de rechange à l'usage du tabac à fumer. Il a, par ailleurs, mis en garde contre la consommation de la chemma dont la composition contient 2000 substances chimiques où on retrouve les mêmes produits toxiques et cancérigènes contenus dans la fumée de cigarette. D'ailleurs, a-t-il souligné, la teneur en nicotine de la " chemma " est plus élevée que celle d'une cigarette car une dose moyenne de tabac à priser conservée dans la bouche durant 30 minutes procure autant de nicotine que 4 cigarettes. Cependant, le spécialiste a protesté que la consommation de la chemma ne se limite pas à l'Algérie ni à certains pays maghrébins mais s'étend aux USA, la Grande Bretagne, la France, le Danemark et la Suède où ce tabac est connu sous le nom de "Snass".