Economie Longtemps adossé à l?aide de l?Etat-providence, puis à l?assistanat prôné par le défunt Groupe Khalifa, le football algérien vit une crise financière quasi récurrente. Au lendemain de la promulgation de la loi 89-03 du 1er février 1989 relative à l?organisation et au développement du système national de culture physique sportive, un vent de panique avait soufflé sur le football algérien et sur la survie de ses clubs. Car, dans tout modèle économique, le gros danger est l?aléa de la ressource. En fait, le désengagement de l?Etat n?a été que dans les textes puisque ce dernier a continué à aider et à soutenir les clubs à travers les différentes subventions, les quelques fonds ou par le biais des entreprises nationales mais aussi privées. Les clubs se sont débrouillés tant bien que mal jusqu?à l?arrivée du Groupe Khalifa et de sa grosse manne. Les 16 formations de l?élite et plusieurs associations de la nationale II étaient prises en charge par le groupe d?Abdelmoumène à hauteur de 600 000 DA/mois en moyenne par club (avec 150 000 DA de salaire pour l?entraîneur et une moyenne de 20 000 DA par joueur). Sans compter le demi-tarif en matière de transport pour les déplacements nationaux et une gratuité pour les clubs engagés dans les épreuves africaines ou autres, ce qui portait la contribution de Khalifa à 10 milliards de centimes. La faillite du Groupe aurait provoqué de gros trous dans le budget des clubs (pour certains, il peut aller jusqu?à 60%). Le 12 novembre 2002, au moment même où le Groupe Khalifa mettait la clé sous le paillasson et signait son retrait définitif du financement du mouvement sportif national, un Conseil de gouvernement, présidé par Ali Benflis, avait retenu, parmi la batterie de mesures, l?injection massive d?importantes sommes d?argent dans les caisses de la FAF, des différentes ligues et des clubs. Des nouvelles qui mettent du baume au c?ur des responsables et dirigeants du football et qui poussent certains à qualifier le programme de «refondation du sport roi de seconde réforme sportive après celle de 1977». Et quand on sait que la loi de finances 2003 (et même celle pour 2004) a été élaborée sur la base d?un prix du baril de pétrole à 19 dollars alors que celui-ci a longtemps flirté avec les 30 dollars, il y a de quoi garder un optimisme assez mesuré. D?ailleurs, sans crier gare, Sonatrach avait déjà emboîté le pas en ouvrant son capital sponsoring à plusieurs associations autres que son traditionnel partenaire, le Mouloudia d?Alger et ses quatorze sections. Malheureusement, la saison 2003/2004 a débuté depuis presque un mois et le football attend toujours les promesses de l?Etat. Beaucoup de clubs vivent crise sur crise qui menacent leur survie et leurs fondements. Ce qui remet sur la table de la réflexion et du débat, le choix du modèle économique de notre football et de nos clubs. Dans ce débat, il est certain que les ambitions, la hauteur des budgets et des enjeux vont différer d?un club à un autre, mais il est acquis que plusieurs points de vue peuvent être rapprochés sur les problèmes essentiels que sont les sources de financement, la fiscalité, la gestion, les droits télé, le sponsoring et autres. En somme, une sorte de modélisation à concevoir pour le football à travers ses clubs. À l?évidence, le financement du football, qui supposait une élévation du niveau de performance, voire un investissement dans l?acquisition d?outils de travail et d?infrastructures, n?a, en fait, aidé qu?au fonctionnement des clubs, mais aussi à l?enrichissement de certains nababs à travers des caisses noires, une gestion occulte et des transferts démesurés. C?est plutôt cela, la réalité de notre sport-roi qui, malgré toutes les difficultés, essaye cependant de paraître sous son meilleur visage. Il n?a pas le choix, que voulez-vous !