Déception Les lecteurs, attirés par les étals riches, sont néanmoins vite dissuadés par les prix. Depuis son inauguration, le Salon international du livre d?Alger connaît une affluence quotidienne de citoyens et de professionnels passionnés de lecture et de parents espérant dénicher quelques manuels scolaires à bas prix. Des étals débordant d?ouvrages et de publications volumineuses et chromatiques. La plupart des ouvrages proposés sont ceux qui traitent du bien-être moral et corporel, de la psychologie du couple, du désir sexuel, de la santé, de la littérature maghrébine et française en particulier, des dictionnaires et des encyclopédies et des contes pour enfants. Hormis l?Office des publications universitaires (OPU), d?Unipress, des Editions juridiques associées, d? Economica?, rares sont les maisons d?édition qui ont osé se démarquer et exposer des ?uvres scientifiques, juridiques et économiques. En effet, certains visiteurs n?ont pas manqué d'avancer, d?emblée, que les ?uvres exposées ne sont guère nouvelles et qu?ils n?ont pas pu trouver ce qu?ils cherchaient. «Je suis une passionnée de Rachid Mimouni, j?ai fait la majorité des stands à la quête de son roman Une peine à vivre, en vain», confie Dalila, une bibliothécaire de 34 ans. Cette mère de famille ajoute, en remettant tristement un conte pour enfant à sa place, au stand de France édition, «les livres pour enfants sont excessivement chers». «J?ai deux enfants, j?ai été tentée de leur faire un cadeau, mais un conte qui coûte entre 600 et 1 200 DA, c?est de la folie !». «Quoi ? 1 900 DA ? mais c?est trop cher, pourtant vous dites qu?il y a des remises !», rechigne un homme devant la caissière au même stand. La jeune femme, visiblement habituée à ces réactions, replace calmement le livre et rétorque à son interlocuteur encore atterré : «C?est l?équivalent du prix en euro, regardez Monsieur». N?ayant pas vraiment le choix, le jeune homme prend son livre et ressort contrarié par la somme considérable qu?il a dû débourser pour son premier achat. «Ce sont d?anciens stocks, mais les prix restent élevés, certains ouvrages sont nettement moins chers dans les librairies, par exemple j?ai trouvé des dictionnaires à 260 DA alors qu?ils ne dépassent pas les 200 DA dans les librairies, des contes à 40 DA et qui sont cédés ailleurs à 30 DA, où sont les remises promises ?», conteste une enseignante. Comme pour chacune des éditions du salon, les maisons d?éditions arabes, connues pour leurs publications religieuses, connaissent d?infinies bousculades. Des hommes barbus s?empressent autour des stocks des livres achetant des quantités importantes. Il faut dire que ces maisons, majoritairement libanaises et saoudiennes, affichent les plus bas prix du salon. De 10 DA pour des livres portant sur des conseils sur l?islam, jusqu'à 140, 250, 3 000 et 9 000 DA pour des publications portant sur le Coran et la Sunna. Même les enfants n?ont pas été oubliés, puisque des éditions narrant la vie du Prophète et les différents messies sont également étalées. Isma, une jeune étudiante en deuxième année de gestion, révèle qu?elle a préféré acheter des livres religieux, vu leur prix intéressant. «Des impressions à 200 et 350 DA, alors que ceux de ma spécialité, déjà rares, dépassent les 1 000 DA !». Mais ce n?est pas l?avis de tout le monde. «Seules 4 maisons ont exposé des nouveautés», atteste M. Abderrahmane, un député, fervent visiteur du salon et lecteur passionné d?écrits politiques, historiques et surtout religieux. Ce dernier ne cache pas son mécontentement et certifie que malgré les réductions, les prix restent inaccessibles aux bourses moyennes. «Des livres éducatifs pour enfants à 300 DA et qui peuvent atteindre 650 DA ! C?est trop ! J?ai déjà déboursé 7 000 DA pour ma première journée, mais je ne vous cache pas que je savais depuis longtemps que cette manifestation allait se tenir, j?ai donc mis de côté une somme conséquente.»